In a Major Way par Bobby_Milk
Beaucoup d'artistes se sont fait un nom en se dépatouillant avec les moyens du bord, en vendant leurs projets à même la rue, à l'arrière d'une caisse ou autres... E-40, inspiré par le succès de son modèle Too $hort, en a fait de même et a créée sa propre structure (Sick Wid It Records). Il a ainsi pu sortir en total indépendant son premier album Federal suivi d'un EP 8 titres intitulés The Mail Man. Vite à l'affût le label Jive Records s'est déterminé a le signer lui et sa Click en 94 après l'engouement local succédant la diffusion de son morceau "Captain Save a Hoe". Un contrat de plus de 3 millions de dollars avec une maison de disque n'était pas chose courante à cette époque. Premier rappeur de la Bay Area a arborer les couleurs d'une major, qui était à l'époque un peu plus axée sur la qualité et l'innovation (et encore) de ses talents trouvés que sur leurs nombres de ventes, le King of Slang pouvait alors étendre sa réputation et son aventure musicale à travers tout le pays, voir même le monde.
Avec "In A Major Way", et son titre explicite, les États-Unis découvrent alors ce gros bonhomme peu délicat qui mâche, jongle avec ses mots et débite ses phrases fumantes avec un argot bien personnel. Des expressions et gimmicks qui vont inspirer et dont vont s'approprier, dans le futur, pas mal de rappeurs : "Fo Shizzle", "O Boy", "Pop Ya Collar", "Fo Sho" etc.. Bien sûr, il a dû subir quelques reproches après avoir quitté le marché de l'indépendance, et son flow était si atypique que beaucoup ne voyaient pas de crédibilité envers ce qu'il faisait. Pas facile de se faire une place dans le game surtout lorsqu'on a une personnalité et une originalité aussi débordante que ce natif de Vallejo. Une track va se démarquer et faire couler beaucoup d'encre, la bombe "Dusted 'N' Disgusted" est une combinaison fracassante avec 2Pac (la star qui défraye la chronique) , Mac Mall (son cousin et autre grand prodige de Vallejo) et Mr. 187 alias Spice1. Une anthologie produite par deux producteurs réputés de la Bay et souvent dans son entourage, Sam Bostic et Mike Mosley qui ont sorti une instru impressionnante, à la fois simple, lourde par ses grosses basses, mais aussi bien laid back avec ses bruitages ensoleillés si souvent utilisés sur la westcoast.
Il est bien souvent difficile de le suivre dans ses délires tellement il enchaîne son argot et varie son fow à sa guise. Pour l'ultra bouncy "Sideways" pas besoin de chercher midi à quatorze heures sur la montre d'E-40, l'ambiance des rideurs dans l'âme n'est pas loin, B-Legit et Mac Shon des Funk Mobb nous en font profiter. Son style nous plonge dans un milieu, une ambiance qu'on ne connaissait pas vraiment avec ce qu'on pouvait entendre plus bas en Californie, non pas qu'il se prenne pas au sérieux, mais il est aussi bien capable de parler de choses sérieuses que de déconner à tout moment en sortant une boutade à l'image du déjanté "Da Bumble". Sur ses albums E-40 est un peu à l'image d'un Master P; la musique c'est une affaire de famille. Hormis son oncle (Saint Charles Thurman) qui s'occupait de la distribution des albums Sick Wid It avant leur affiliation avec Jive et le soutien de sa mère, on peut entendre ses cousins Leviti ("1-Luv") et B-Legit ("H.I. Double L.") avec lequel il avait décidé de se lancer dans une carrière de rappeurs, sa soeur Suga-T qui se démarque sur le single osé "Sprinkle Me", son homie de longue date Celly Cel, mais aussi son propre fils, baptisé Droop-E, alors âgé de 7 ans qui avant de devenir le producteur d'aujourd'hui trempait déjà dans le Hip-Hop en introduisant et lâchant quelques mots à son père sur "It's All Bad".
Si celui-ci n'aura jamais la même proportion médiatique que nombre de ses acolytes de l'époque, E-40 est considéré, en toute logique, comme l'un des pionniers de la scène westcoast et cet album en est le principal déclencheur. Un précurseur et l'un des plus novateurs que le Hip Hop ai connu.