On a tous des chanteurs et des groupes préférés, des goûts musicaux liés à des époques de sa vie et on a un artiste qui nous a accompagné tout le long de notre route. Francis cabrel c'est le fil rouge de mon existance et j'ai réellement grandi avec lui et vécu avec ses chansons. Je l'ai découvert en culottes courtes et collé à celles de ma mère pendant qu'il déclarait déjà sa flamme à sa mariette cherie. J'en ai usé des habits contre ces murs de poussiere. J'ai parcouru ses chemins de traverse toujours en donnant la main à ma star à sa facon. J'ai touché du doigt sa fragilité et je me suis fait mes propres souvenirs en ecoutant ses cartes postales et ses photos de voyages marquant à tout jamais mon coeur de refrains indélébiles. J'ai pris mon envol musical comme tiré d'une sarbacane et j'ai plongé dans la musique de depeche mode à radiohead à travers les époques et les styles mais toujours fidèle à mon poète. Un samedi soir sur la terre, c'était en octobre, je me suis assis sur un coin de la terre et c'est là que j'ai vraiment réalisé à quel point il avait marqué ma vie en y déposant des perles d'amour le long de torrents mélodiques. Il a bercé mes nuits guidé ma plume m'a aidé à dire je t'aime et a soulagé mon spleen d'adolescent. C'était le sommet de sa meilleure période et aussi celui de ma vie, la fin des années 90. Ses textes étaient simples et ciselés décrivant l'amour et la vie comme personne avec une fausse naïveté, gravés à jamais dans nos mémoires. Ses mélodies étaient immédiatement reconnaissables, simples et entêtantes. Je suis devenu un adulte m'enfonçant dans ce système qu'il fuit et j'ai continué à le suivre hors saison et devant de beaux degats. La magie n'était plus aussi forte, il a donné plus d'importance à sa musique, du jazz à dylan en passant par la nouvelle orleans, mais ses jolis textes et ses paysages oniriques baignés d'amour étaient toujours la. Le magnifique des roses et des orties avait accompagné ma paternité. Rien depuis 7 ans et alors que je commençais à transmettre ce trésor à ma fille comme un relais, sort ce nouvel album.
Je dirais qu'il est dans la lignée de la période post week end terrien, peut être plus difficille d'accès, ce qui peut être bon signe. On retrouve ses " t'aimes " de prédilection traités à nouveau de manière subtile, sans jamais se répéter, mais en rajoutant une nouvelle couleur sur son arc en ciel d'émotions. 1er groupe de chansons l'amour très personnel dédié à sa femme, la sublime a chaque amour que nous ferons et partis pour rester, et à ses filles arrivées comme soufflées d'une sarbacane et enfuies vers la vie après avoir offert à leur père des tours gratuits. Suivent 3 superbes ballades aux thèmes aussi différents qu'une sorte d'autoportrait tendre et cruel à la fois, la voix du crooner, qu'une description de la bataille d'azincourt d'une poésie et d'une beauté incroyables, et que l'amour universel, celui du christ, dans chaque coeur. C'est d'un côté une surprise car cabrel s'était jamais trop aventuré vers la religion et d'un autre côté lui qui a parlé d'amour sous toutes ses formes, on peut dire que la boucle est bouclée. Viennent ensuite ses autres thèmes qui lui sont chers à travers dur comme fer, le pays d'a côté, in extremis ou pas si bêtes où il parle de notre société malade, de nos politiques défaillantes, nos indifférences, nos betises,....arrive un bel hommage à Mandela appuyant à nouveau sur la chance de vivre dans ce monde et notre inconscience de ne pas nous en rendre compte et de piétiner notre bonheur et nos valeurs. Enfin une chanson bonus pour nous mais surtout pour lui et ses potes qui font un boeuf de jazz dans son salon en attendant une tournée formidable comme d'habitude...voilà j'ai la quarantaine comme son immense carrière qui continue à me tenir par la main....