In Sides
7.5
In Sides

Album de Orbital (1996)

Paul et Phil Hartnoll présentent : Orbital, le film (ou Abris qui délire quelque peu)

Les œuvres chères à mon cœur et sur lesquelles tu dis pas de la merde en ma présence si tu veux pas avoir de problèmes vont et viennent, et là, on tient un sacré morceau.

Après une énième écoute de ce disque de 72 minutes de musique touchée par la grâce, je me suis mis en tête de donner un avis dessus sur ce site (j'y suis inscrit, ça tombe bien !), parce que je me dis qu'il fallait bien le faire un jour (c'est important, hein ?), mais j'ai peur d'oublier des choses et même de le salir.


Je n'ai pas peur de répéter ce que tout le monde a déjà dit, car on en parle justement très peu de cet album en y pensant, mais beaucoup de reviews ont sûrement déjà fait mieux que l'amas de lettres, de caractères, et de mots dans lequel je me lance, toujours un peu hésitant.


Je pourrais expliquer pourquoi peu importe le thème ou l'angle pris pour tel morceau (Wikipédia est souvent d'une grande aide), c'est une réussite totale à chaque fois, et proposer ce que je « vois » à leur écoute. Je me confie rarement ici, c'est vrai, en même temps, tout le monde s'en fout, c'est pas l'endroit.


La déesse (oui, c'est une femme, j'en suis sûr, il n'y a qu'à admirer sa grâce, son élégance, et sa beauté, c'est typiquement féminin ça, si elle devait avoir un côté masculin et par le fait disgracieux, ça serait ses géniteurs) The Girl with the Sun in Her Head est un magnifique hommage à Sally Harding ou même à tout être cher disparu, pas besoin de mot, ni de texte, la musique fait tout. Son enregistrement par énergie solaire est du bonus, elle n'avait pas besoin de ça, mais les géniaux frères Hartnoll y ont pensé.


Après cette intro ensoleillée (je n'y vois personnellement rien de triste), P.E.T.R.O.L. réussit bien à changer de décor (et même de météo, ça drache sec d'un coup) et à nous amener en pleine marée noire. Le fait qu'on ait pas envie de s'y éterniser (ça fait mal de voir les dégâts qu'on peut causer, hein ?) va probablement de pair avec le fait qu'il s'agisse du morceau le plus court de l'opus avec la seconde partie de The Box.


The Box, justement, est censée raconter un des rêves que Paul Hartnoll faisait souvent (et encore maintenant ? il y a peut-être eu une suite depuis !?) à l'époque : trouver une mystérieuse boîte quelque part dans la campagne galloise, s'apprêter à l'ouvrir, et... c'est tout, puisqu'il semblait toujours se réveiller avant de l'ouvrir. La partie 1 me semble mettre le décor en place (est-il barbouillé de pétrole et trempé mouillé après les événements de P.E.T.R.O.L, je ne me suis jamais attardé là-dessus), tandis que dans la partie 2 (et sa délicieuse guitare), il parvient enfin à l'ouvrir, mais des choses assez sordides lui arrivent, alors il force pour la fermer, et y arrive enfin à la conclusion de la suite.


Dŵr Budr m'installe un décor curieusement moins sale que P.E.T.R.O.L. alors que son nom n'est pas forcément plus propre (« eau sale » que ça veut dire dans la langue de Gareth Bale), mais la prestation presque fantomatique d'Alison Goldfrapp fait tomber la brume. De l'eau sale et brumeuse (« dŵr budr a niwlog » d'après Google Trad) en somme.


Adnan's (voilà, il est là l'instant triste de l'album) est sans doute le plus bel hommage que des étrangers aient rendu à ce jeune yougoslave (qui, lui, ne mendiait pas dans la rue avec un petit garçon déguisé en fille et n'écrivait pas des obscénités sur des pancartes pour insulter les passantes) mort durant les conflits ayant inclus son pays dans les années 1990. La première moitié me semble correspondre à la dure vie qu'il a dû mener depuis ses premiers balbutiements, la cruauté de la guerre (ayant forcé la famille à quitter le pays), etc. et la seconde, plus mélodique, au chagrin infini qu'a dû ressentir la famille en apprenant sa disparition, regrettant peut-être de ne pas avoir pu retenir Adnan pour qu'il reste auprès d'eux et n'aille pas rejoindre son père resté au pays pour travailler. Les dernières secondes, sans beat, évoquent l'enterrement de l'adolescent et les hommages en son nom.


On perd une vie, mais on s'intéresse à d'autres avec l'incroyable (et je pèse mes mots) suite Out There Somewhere?, que je peine parfois à croire comme écrite et composée par Paul et Phil. Elle semble en effet plus être directement l'œuvre des extraterrestres dont il est question durant ces 24 minutes.


Je ne vais pas m'éterniser sur les images du segment OTS (qui, excusez-moi, me semble juste traîner un tout petit peu en longueur, ou du moins traîner à se terminer, on ne parle certes que de 30-45 secondes maximum sur un ensemble de 13 minutes 30, mais quand même), il est en effet 'achement difficile de ne pas voir des OVNI, des lumières zarbi dans la nuit, des vaisseaux spatiaux, et des humanoïdes bizarres, juste souligner encore une fois l'effet escompté sur la seconde partie (l'aspect purement « euphorisant » que pourrait avoir un enlèvement par des aliens, enfin surtout le fait d'en réchapper et de ne pas pouvoir le garder pour soi, je n'aurais personnellement pas peur de le faire et des conséquences, car si les ET ont l'air presque menaçants dans la première partie, la seconde les montre comme gentils tout plein et souhaitant juste voir ce qui se passe sur notre planète, on peut même gager qu'à la toute fin, lors du fondu, ils sont déjà en train de repartir), et que bordel, ces bruits extraterrestres mêlés à un aspect plus « dance », c'est juste du génie. Je suis même sûr que sur Mars, ça s'enjaille là-dessus, mais encore une fois, Messieurs (et Mesdames) les aliens, ce sont des humains qui ont fait ça, pas un d'entre vous, ça vous la coupe, vous êtes verts de rage, hein ?


Nous, enfin, pour ceux qui ont connaissance de ce joyau, on est très fiers de pouvoir affirmer que c'est d'origine humaine, ça prouve qu'on peut faire des trucs bien parfois. En ce qui concerne Orbital, personne ne se demandera de quelle planète vous venez si vous affirmez que c'est leur meilleur album.

Abris_Cubalys
10
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le 2 oct. 2024

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