In the Aeroplane Over the Sea par Axel De Leo
Ce que l’on éprouve à l’écoute de cet album n’est pas la nette impression que l’on touche au génie, mais la nette certitude que l’on touche à l’humain. Traitant des camps de concentration du point de vue d’un déporté, In The Aeroplane Over The Sea raconte les rêves, les sentiments et les souvenirs d’un enfant, décrivant sa réalité avec violence et sa douleur. Car l’album y redéfini même la notion de paradoxe musical. La guitare, le chant effréné de Jeff Mangum, les cuivres ; les morceaux en deviennent d’autant plus bouleversants qu’ils sont servis par des textes poétiquement atroces, ramenant l’homme à sa condition miséreuse et hallucinatoire. Sur des rythmes tantôt bordéliques, tantôt intimistes, la voix de Jeff Mangum donne toute son ampleur à ses textes, cette voix vociférante, presque fausse, grinçante mais tellement empreinte de sincérité que l’on en vient à se demander s’il n’a pas réellement vécu ce dont il parle. Cet album remettra en question non seulement votre conception de la musique, mais aussi les confins de l’émotion que vous vous étiez fixés après la découverte de votre album favori. Ces cadeaux sont rares, l’ampleur de cette histoire va au-delà d’une transcendance musicale ; elle semble apporter le choc de la résurrection. C’est la sensation ultime de la musique.