Si tu aimes le rock indépendant et que tu ne connais pas Neutral Milk Hotel, arrête tout ce que tu es en train de faire. Prends un transat, enfile ta casquette et ta marinière, et va te poser au bord de l’eau avec In the Aeroplane Over the Sea dans le casque.
Si tu parviens à trouver un port où les matelots hissent des seaux de sardines à l’aide de poulies toutes rouillées, ce sera parfait. Sinon, une rivière fera l’affaire. Tu y seras à l’aise pour écouter Jeff Mangum te brailler, entre un solo de trompette et une marche militaire, son amour de Jésus Christ et son désir de découvrir les secrets du monde. Savais-tu qu’il a été profondément marqué par l’histoire d’Anne Franck ? Cet album est plus profond et nostalgique qu’il n’y paraît.
Tu entendras de la trompette mais aussi de la cornemuse et de la scie musicale. Charmant mélange de folklore et de pompiérisme. Toutefois, seuls deux instruments te domineront vraiment au cours de ce voyage au gré des vagues. Primo, cette guitare acoustique d’adolescent, plaquant avec une science infuse les accords auxquels tu ne t’attends pas. Deuxio, cette voix décomplexée au débit intarissable, qui comble chaque silence par un « oh oh oh » ou un « ti di di di di ».
Ces deux instruments paraissent séparément assez cheap, peu crédibles, mais pris ensemble ils constituent un fil robuste auquel tu t’accroches. Telle est l’esthétique lo-fi. Jeff Mangum aurait pu se contenter d’être folkeux au coin du feu ; les instruments traditionnels, les guitares grasses ou métalliques, les bruitages ne sont qu’agréments. Mais sans ça, In The Aeroplane Over the Sea ne serait pas ce chef d’œuvre intempestif, impromptu et faussement brouillon qui te casse joyeusement les oreilles.
Indie rocker, indie rockeuse, cet album est fait pour toi.