Après le succès phénoménal d'In The Court of The Crimson King, le groupe connaît rapidement de nouveaux changements dans sa formation. Ian McDonald quitte le groupe. Michael Giles et Greg Lake font de même, cependant ces deux là restent pour l'enregistrement de cet album. Il ne reste plus que Robert Fripp et Peter Sinfield lors de la sortie de cet album. Suivant une oeuvre colossale, qu'en est-il de cette suite ?
Déjà sa pochette. On va pas se mentir, je la trouve carrément dégueulasse. Elle représente une oeuvre de Tammo De Jong : "The 12 Archetypes ou The 12 Faces of Humankind". On y voit 12 personnages (regardez aussi à l'arrière de la pochette !) à travers les quatre éléments. C'est d'ailleurs un des thèmes centraux de l'album.
King Crimson voulait faire quelque chose d'assez ressemblant avec l'album précédent pour assurer son succès. Pour le coup, on peut pas dire qu'il se soient vraiment cassé la tête. Les premiers morceaux sont beaucoup trop comparables avec les anciens. Pictures of the City est le nouveau 21st Century Schizoid Man, avec les mêmes riffs, les mêmes breaks ; Cadence and Cascade est le nouveau I Talk to the Wind, avec le même rythme calme et paisible, avec le même solo de flûte à la fin qui est une quasi copie. In The Wake of Poseidon, est un mélange entre Epitaph et The Court of the Crimson King, l'intro rappelle l'un, les couplets rappellent l'autre.
Ces morceaux ne sont pas mauvais en soi, mais leur unique problème, c'est qu'ils font suite à d'autres beaucoup trop ressemblants. Si le premier album n'avait pas existé, ils seraient géniaux. Après tout, j'adore les riffs de Pictures of the City, j'apprécie la paisibilité de Cadence and Cascade et j'aime bien l'aspect majestueux d'In the Wake of Poseidon. Mais impossible de ne pas les comparer à leur prédécesseurs.
Cependant, malgré un début manquant d'inspiration, King Crimson parvient à se réinventer pour ses deux morceaux restants. Cat food, une pièce très penchée sur le jazz, qui a du mal à s'affirmer au début, partant vers n'importe quoi, mais il parvient finalement à trouver une cohérence au fil de la chanson. Cependant, elle est relativement courte (5 minutes), la cohérence met trop de temps à venir.
Quant au morceau final The Devil's Triangle, il fait part à l'improvisation sur un thème apocalyptique. En effet, il est basé sur le rythme 5/4 de Mars, tiré des Planètes de Holst, le tout formant un ensemble tangible, laissant part au cataclysme le plus total dans un énorme brouhaha ! Et c'est sur ce boucan, laissant l'auditeur face à son incompréhension et sa stupéfaction que se termine cette deuxième phase du roi cramoisi.
Et en fait non, car il y avait les trois parties de Peace, trois courtes chansonettes à la musique minimaliste (voire a cappella), qui viennent pour donner une intro faible, couper l'ambience en plein milieu de l'album, et apporter une fausse conclusion. Je soupçonne fortement leur existence pour ne pas que l'album paraisse à première vue identique au précédent.
Suivant directement un chef d'oeuvre du rock, cet album a bien du mal à s'affirmer dans la cour des grands, par le fait qu'il traîne de trop près son prédécesseur, mais aussi parce qu'il est parsemé de défauts de part et d'autre (des morceaux sans utilité). Pourtant, il avait toute ses chances d'être bon, voire grandiose.
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