Seulement 3 ans après le premier épisode, Spielberg nous propose un nouvel opus assez exotique en Inde, où rituels sacrés et coutumes peu orthodoxes marqueront profondément nos trois larrons désirant juste se barrer de là. Avec le Temple Maudit, la saga Indiana Jones enrichit son univers en nous montrant un visage complètement différent de notre aventurier. Donc, bien sur, Williams is back.

Déjà, ce film ne suit pas le schéma narratif du premier, Spielberg ayant intelligemment décidé de ne pas céder à la facilité en se calquant sur le premier pour faire une suite sans risque, et donc sans grande saveur : il donne des couleurs beaucoup plus vives à cette aventure, qui tourne souvent vers le comique/burlesque ; le film est beaucoup plus extravagant à de nombreux points de vue. John Williams se doit donc d’accompagner l’idée, sans l’appuyer trop lourdement : il a donc opté pour des séquences d’actions assez chargées au niveau des percussions (roulements de tambours en ostinatos, par exemple) et des arguments saccadés (synchronisation assez poussée). Bien qu’il insuffle des moments de tension (« Bug Tunnel – Death Trap » met une pression de dingue), on explore des registres plus calmes avec notamment « Nocturnal Activities » au cours d’une séquence de flirt réciproque entre Indy et Willie : des pizzicatos enjoués, une amorce assez romantique, ...

On retrouve toutes les qualités du premier, déjà au niveau de l’orchestration : les cuivres festifs (qui prennent place tant au premier plan qu’à l’arrière plan), par exemple ; mais de nombreuses innovations ont été apportées. Par exemple, les couplages cordes-tambours (audibles dans « Short Round Escapes » permettent une meilleure valorisation des ostinatos d’arrière plan, soit de la rythmique infernale qui anime l’acte final (très martial pour donner l’impression d’une machine gouvernée par un homme avide de pouvoir). Mais à l’inverse, pour souligner le côté plus « burlesque » des deux compagnons d’Indy, Williams a recours à certains instruments particuliers (cloches, mais aussi ce fameux vibraphone si pétillant qu’il fout absolument partout ^^) : cela a pour effet de rendre le tout assez entrainant et plutôt festif « Short Round’s Theme ». Egalement, l’utilisation des voix est diversifiée : en plus de celles illustrant la beauté d’un objet divin comme dans « Approaching The Stones », la présence des chœurs masculins graves et endiablés avec une accélération progressive rend l’immersion on-ne-peut-plus efficace. A la fois émerveillé et effrayé, c’est avec cette gradation que la célébration du culte de Kalima prendra toute son ampleur et son aspect si maléfique.

Au niveau des thèmes, tout est revu à neuf : l’aventure étant antérieure à celle de L’Arche Perdue, il est normal que l’on ne retrouve aucun des thèmes existants, à part celui d’Indiana Jones et des Aventuriers (« Raider’s March »), bien sûr. En plus des somptueuses reprises du motif d’Indiana, les nouveaux thèmes sont nombreux, et bien évidemment splendides, parce que … parce que John Williams. Le thème du Temple Maudit comporte un motif principal somptueux qui doit attendre l’acte final pour être transcendé par une orchestration majestueuse (« Slave Children’s Crusade », une tuerie), et un motif secondaire qui joue sur l’irrégularité du rythme pour appuyer le côté martial (d’abord un décalage par rapport aux temps, puis la dernière note retrouve la dernière pulsation). Le thème de Willie est ample, et comporte un certain charme délicat, qui apporte sa dose de romantisme. Celui de Demi-Lune (d’abord assez asiatique dans « Fast Streets of Shangh », par la suite plus « occidental ») est l’un des plus fréquents tout au long du film : il est vivant, très espiègle, et possède un bel ambitus (les notes sont lancées, lui donnant une prédisposition pour l’épique, on peut le voir dans « Short Round Escapes » (un futur aventurier, ce Demi-Lune !)). Inutile de préciser que les leitmotivs sont riches et variés, hein, vous savez qui a fait la musique.

Au niveau de la complicité film-musique : musique et image vivent en symbiose, les points de synchro sont somptueux ; comme les deux regards portés vers les chauves-souris-vampires-géantes, le célèbre face à face entre Indiana Jones et deux gardes, en hommage au duel du 1, qui comporte une mesure de la musique du duel au Caire, le piège qui se réamorce une seconde fois, … en fait, ils sont en si grand nombre qu’il est impossible de citer tout ceux présents dans une seule minute du film. Je vous conseille un petit jeu : vous écoutez d’abord la musique seule deux fois environ (en repérant rapidement les changements dans la musique), puis ensuite dans le film. Avec des pistes comme « Slave Children’s Crusade » et « Short Round Helps », l’effet est saisissant, et vous donnera envie de dégommer des gardes par dizaines tant ça bombarde (quasi mickey-mousing durant l’acte final) !

Ainsi, il s’agit d’une grande Bo qui livre énormément d’action, et qui fait preuve d’une grande richesse orchestrale, mélodique et harmonique, tout comme pour le premier opus. L’univers musical d’Indiana Jones est bien diversifié, et nous livre un travail qui développe des thématiques assez différentes. Les scènes sont toujours soutenues de près ou de loin par une musique juste, ce qui en fait un apport inestimable pour un film de si grande qualité. Une immense réussite !
Soundtrax
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le 19 juil. 2014

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