Maximilian Hecker, 23 ans, longue brindille originaire d'Hanovre, est l'auteur d'un premier album qui désagrège un par un tous les clichés en circulation sur la musique pop germanique ? clichés, il est vrai, déjà mis à mal récemment par The Notwist.A l'origine, Infinite love songs ne devait pas voir le jour mais juste constituer un premier jet de démos, un genre de carnet de croquis à usage privé.. Il émane de Infinite love songs (chansons d'amours infinies ou in-finies ?) une grâce et un touché intuitif qu'un trop long séjour en studio aurait peut-être dissipés, voire asséchés. D'autant qu'on a nullement affaire ici à l'un de ces ados autistes fébrilement harnachés à leur manche de guitare comme aux jupes de leurs mères. Non, dans son genre Maximilian est un maximaliste et ses chansons, bien qu'enregistrées en grande partie à la maison, possèdent l'ambition architecturale de palais de contes de fées et l'éblouissante lumière intérieure des lampes magiques. Parmi les nombreuses illusions d'optique que procure l'album, un titre comme White ressemblerait à peu de choses près à l'embarquement anachronique de Radiohead dans le bus pop de Magical Mystery Tour. Et si Maximilian, comme la majorité du commun des mortels, n'a jamais laissé traîné une oreille sur l'obscur chef-d'œuvre de J.K. & Co, Suddenly one summer (réédité récemment chez Sundazed), il en a sans le vouloir reproduit les orgueilleux schémas. (Inrocks)


Si vous voulez garder votre petite amie, évitez de lui offrir en gage d'amour le premier album de Maximilian Hecker. Une fois les douze titres (ou plutôt les douze singles potentiels) calés sur la platine, elle n'aura d'yeux et surtout d'oreilles que pour cet Allemand de vingt-quatre ans. Conduites par le tube en puissance qu'est le magistral Infinite Love Song, une véritable leçon d'electro pop, les chansons développent une sensibilité romantique exacerbée, à commencer par l'introductif Polyester. Sous de délicats arpèges de guitare, la voix chaude et sensuelle de Maximilian brode dans du velours le plus beau des écrins. Sur The Days Are Long And Filled With Pain, un mélancolique piano rappelle les dures journées de galère qu'a autrefois vécu le jeune homme. Car quel retournement de situation ! Dire qu'il y a quelques années, il était tout bonnement ignorés par ses concitoyens berlinois. La guitare en bandoulière, il faisait la manche en reprenant le répertoire d'Oasis. L'influence des frères Gallagher est d'ailleurs perceptible sur l'énergique Cold Wind Blowing. De voraces guitares électriques n'ont de cesse de s'attaquer au coeur des amoureux. Désormais, le multi-instrumentiste sait qu'il en a fini de manger du pain noir. Il peut chanter haut et fort "and today the world is mine". Maximilian Hecker est bel et bien un crooner taille maxi. (Magic)
Vers l’âge de 10 ans, à l’époque révolue des boums, il y avait ces slows archi-éculés ("Only You" des Platters, toutes les ballades des Beatles, "Tuesday Gone" de Lynyrd Skynyrd…) que j’aimais me passer et repasser jusqu’à l’usure complète de la lentille optique de ma première platine CD. Ils réussissaient à me donner une idée précise du sentiment amoureux et me faisaient entrevoir, grâce à des mélodies lacrymales, à quoi pouvait ressembler l’état de béatitude et d’attendrissement qu’ on ressent une fois sous l’emprise de ce sentiment. Et bien pour résumer, l’album de Maximilian Hecker m’évoque de façon exacte cette période. Les mélodies de ce jeune allemand de 23 ans sont effectivement de celles destinées vous rendre mélancolique, l’âme amoureuse, et ceci, jusqu’à vous faire frissonner en secret. Le titre de l’album n’est pas là par hasard… Ce disque est résolument fleur bleue et, je le clame haut et fort, je l’adore justement pour cette raison.

Mais attention, il ne s’agit pas pour autant d’une mièvrerie pour pré-ado. Le bonhomme connaît son affaire et sait avoir la main légère sur le pathos futile. Ses chansons brillent en effet par leur modestie et leur retenue. Notre jeune homme possède seulement le don de savoir placer avec justesse le bon accord mineur au bon endroit ou la petite intonation vocale qui fait qu’une chanson banale vire à la chanson parfaite. L’instrumentation est à l’image des chansons, à savoir sobre. Elle ne s’accorde ici et là que quelques artifices comme l’emploi de claviers légèrement désuets à la façon de Grandaddy. Sinon la part belle est faite aux guitares et au piano. Le chant du jeune homme se situe, lui, à la croisée de celui de Mark Linkous pour le timbre légèrement cassé et de Chris Martin de Coldplay pour les inflexions affectées. Le résultat : des pop-songs romantiques aux mélodies imparables et émouvantes qui savent aussi se faire plus dures (le pétage de plomb sur le très beau "Cold Wind Blowing") ou plus accrocheuses (le single "Infinite Love Song" à la manière de Fosca). Les chansons agissent avec charme. Sur chacune d’entre elles, je me surprends à attendre béatement le refrain dont je sais d’avance qu’il me fera chavirer le cœur. "Infinite Love Songs", "c’est le bonheur d’être triste", comme l’écrivait Victor Hugo à propos de la mélancolie, des chansons tristes mais jamais déprimantes en somme.
Parfois proche d’Elbow, parfois de Tom Mc Rae, Maximilian Hecker a surtout signé un album intimiste et personnel, plus classique que vraiment référencé.
Un disque que les plus durs à cuire (les fans de Mogwai par exemple) écouteront en cachette et que les plus sensibles porteront en étendard. (Popnews)

bisca
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le 28 mars 2022

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