Un an après la sortie du monumental “Ocean Machine - Biomech” qui avait marqué d’une pierre blanche le progressif, Devin Townsend revient à la charge avec son premier album sorti sous son nom, “Infinity”. Aussi progressif que son aîné, Infinity reprend les bases de celui-ci mais avec un côté expérimental plus prononcé et un petit grain de folie en plus. Devin joue lui même tous les instruments sauf la batterie, occupée par Gene Hoglan, son complice venu du line-up de Strapping Young Lad. On sort du thème de l'océan pour entrer dans celui de la vie avec des ambiances le plus souvent aériennes.
Les pistes sont construites de manière à ce que plus on avance dans l’album plus les paroles évoquent une partie de la vie avancée. Une réflexion est faite sur le passé, la vie, sa signification, aucune conclusion n’est jamais faite, laissant une libre interprétation à l’auditeur.
L’album démarre par Truth, épopée instrumentale ou les couches d’instruments d’une densité incroyable, se superposent et forment un tout envoûtant, en restant, paradoxalement, très limpide et clair. La piste se termine sur des multiples chœurs en couche et ces simples paroles “I warned you, Hallelujah, Hello... it's back”.
On commence par la première expérience de la vie, l’amour, sur Christeen, une piste sentant bon la pop emmenée par un Devin bien en forme au niveau du chant. Chanson entraînante dont le refrain nous rentre directement dans la tête et que l’on se surprend à fredonner. La suite est plus étrange, à l’image de “Bad Devil”. Terriblement accrocheuse, on y trouve un Devin surgissant tel un diable et nous entraînant dans son sillage pour une danse endiablée sur un fond de piano totalement fou, orgues et cuivres. C’est fou et déjanté à l’image du compositeur. “War” vient ensuite, poignante, dénonçant la guerre à travers une superposition de couche sonore qui devient vite assommante, en accord parfait avec le thème.
Les pistes plus expérimentales “Soul Driven Cadillac”, “Wild Colonial Boy” sont entrecoupées par d’autre plus “normal”, comme “Ant” très progressive ou la sublime “ballade” “Dynamics”. Monter le son à fond et laisser vous porter par cette puissance infinie, “Life is all... dynamics, There's life in all dynamics”. Le chant est très varié et plus fou , bien plus que sur Ocean Machine. Le Canadien pose les bases du chant que l’ont lui connais aujourd'hui, puisant à travers plein de registres que se soit l'extrême ou le chant clair. Le style Townsend est bien là dans la continuité des structures présentes sur “Ocean Machine”. Quel que soit le nombre de couches, en bon producteur il arrive à garder un son clair pour chacun, afin de les laisser tous reconnaissable. C’était déjà le cas sur son premier album, ça l’est encore plus sur celui-là et ça restera sa marque de fabrique dans les futurs albums.
Infinity explore des horizons beaucoup plus larges d’ambiances et de sons que son prédécesseur. Loin de se cantonner au progressif pur, le Canadien nous livre ici un album débordant d’expérimentations, à écouter pour tout amateur de progressif sortant des chemins battus.