En hiver 95, le label hébergeant Cradle of Filth, Cacophonous, refuse de verser les bénéfices sur leur précédent album. Le groupe désirant changer de maison disque, bénéficie en plus d'offres alléchantes, notamment de Music For Nations chez qui ils signeront par la suite mais tout n'est pas si simple dans la planète metal. Premier problème : Dani se retrouvant seul avec son batteur! Benjamin et Paul Ryan s'étant tirés avec Paul Allender pour fonder The Blood Divine. Deuxième problème : le contrat le liant avec Cacophonous spécifie la sortie de deux albums. Pas de quoi inquiéter notre anglais qui démontre une fois de plus le célèbre flegme britannique, des remplaçants sont trouvés à tout ce beau monde afin d'enregistrer l'EP au plus vite. EP où apparaitra pour la première fois la chanteuse Sarah Jezebel Deva, qui accompagnera le groupe au chant féminin / chœurs jusqu'à "Godspeed on the Devil's Thunder" où elle quittera le groupe pour fonder son groupe solo. La line-up complète, l'enregistrement peut commencer.

Aux vues de tous les événements ayant précédés l'enregistrement, on a le droit de se poser des questions sur la qualité des compositions que nous délivre notre couineur anglais. Malgré sa durée de 36 min qui peut laisser à peine le temps de se plonger dans l'album, il est clair que les anglais signent un des meilleurs albums sur une durée d'écoute si courte, les titres sont d'une richesse rare en terme de chant et de compositions.

Après un "The Principale of Evil Made Flesh" qui avait posé les premières pierres de ce qui fera la notoriété du groupe et de la définition du son "Cradle", V Empire enfonce le clou. Fini le côté Death venant des demos du groupe et encore présent sur son prédécesseur, place aux claviers et à l'univers cauchemardesque issu de l'esprit de Dani. L'auditeur se retrouve dans un monde peuplé de vampires assoiffées de sang où la mort et le sexe se côtoient pour former un univers qui, paradoxalement nous semble attrayant et emprunt d'une étrange beauté.

Un gros travail a été fait au niveau du chant, celui-ci variant très souvent de style, allant du sur-aigu («The Rape and Ruin or Angels») au très grave («Nocturnal Supremacy»). Certains passages sont bluffants, notamment l'intro de «Queen of Winter, Throned». Tellement bluffant que certains croyaient à l'époque que plusieurs chanteurs étaient présents sur l'album. Et bien non! Dani Filth est bien le seul maître à bord.

Les musiciens ne sont pas en reste, Nicholas Barker s'éclatant comme un fou derrière ses fûts et nous délivre des moments dantesques, alliant enchainements de blasts furieux et fulgurantes accélérations à la double pédale. Robin Eaglestone vient compléter la partie rythmique de fort belle manière. Écoutez-moi ce morceau de basse lors du break de «The Rape and Ruin or Angels», vous m'en direz des nouvelles. Sarah pour sa première contribution s'en tire très bien assurant avec brio les chœurs et les narrations féminines.

Avec un son beaucoup plus puissant et percutant, une accélération du tempo, et le retrait du death pour une ambiance gothique croisé avec des riffs de guitare heavy, le groupe nous délivre la préquelle de ce que sera les futurs chefs d'œuvres Dusk ... and Her Embrace et le trio magique (Midian, Cruelty and the Beast, Damnation and a Day). Je ne peux pas conclure cette chronique sans parler de la monumentale «Queen of Winter, Throned», véritable bijou de 10 min du Black Symphonique, que beaucoup considèrent comme une des meilleures compositions du groupe.

C'est cet EP, quasiment considéré comme un album malgré sa durée, qui a propulsé Cradle vers son futur succès, nous livrant ainsi une production que tout fan de Black symphonique ou non se doit d'écouter.
Whysy
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le 16 janv. 2015

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