Cette album peut être un aperçu idéal de l'œuvre pop de Gainsbourg, bien que le coté compilation soit prégnant. Cette collaboration avec Brigitte Bardot, alors amoureuse, est un bon point de départ. Beaucoup de ses chansons les plus transgressives («Bonnie and Clyde», «Comic Strip») sont ici, et les numéros moins connus atteignent la même décadence vertigineuse. Oui, le sujet est transgressif, les performances souvent loufoques, mais bien après que le choc initial se soit estompé, l'œuvre de Gainsbourg continue de surprendre et de ravir. Les mélodies sensuelles et les arrangements somptueux aspirent au visuel ; ce sont de petits films technicolor sonores. De plus, Gainsbourg était peut-être le seul auteur-compositeur d'une tradition antérieure à embrasser de tout cœur l'esprit sauvage et aventureux du rock des années 60. Des souches de la fusion garage / show de Who sont perceptibles dans "Bloody Jack". "Marilu" fait une référence évidente au Beach Boys. Initials BB continue de sonner aussi stylé et moderne qu'il devait l'être le jour de sa sortie. Cette chanson est d'une beautée plastique absolument ahurissante car Gainsbourg avait compris avant tout le monde anglo saxons qu'il ne pouvait innover face à eux qu'en stylisant à l'extrême les mélodies les plus somptueuses ( prélude à la ballade de mélody nelson 3 ans plus tard). Et que dire de Qui Est In/ Qui est out, punk rock avant l'heure? Un point commun d'ailleurs avec Rivière Ouvre ton lit de Johnny Hallyday...
Le seul moins est peut-être un manque d'homogénéité du fait de son côté compilé.