Innocents
6.4
Innocents

Album de Moby (2013)

À la sortie de Play en 1999, le monde découvrait un petit gars retranché derrière son ordinateur et ses claviers, un elfe à l’univers multimédia qui captivera la publicité, le cinéma et à peu près tout ce qui touche à l’illustration musicale. Neuf tubes en un, douze million d’albums vendus et un pacte avec le diable marketing que l’on croyait insoluble, surtout à l’écoute de ses dernières productions passées à la moulinette du prêt à produire (Last Night, Wait For Me, Destroyed).

Mais certaines histoires tournent bien et avec Innocents, notre ami retrouve (enfin) les ambiances cinématiques qui lui échappaient depuis des lustres. Le fait de le voir pour la première fois acoquiné avec un co producteur, qui plus est de la trempe de Mark « spike » Stent n’est pas anodin. Les collaborations, nombreuses, ne sont pas étrangères à cette routine perturbée : Wayne Coyne (Flaming Lips), Damien Jurado, Mark Lanegan (Queens of the Stone Age), Cold Specks, Skylar Grey et Inyang Bassey sont ainsi de la partie.

Le résultat, maturé 18 mois, déploie un éventail assez riche des univers du petit bonhomme à lunettes. De l’introduction toute en nappe synthétique de « Everything That Rises » au mellow « A Cas For Shame » à l’aérien « Almost Home » (que ne renierait pas un Sigur Rós) ou le vaporeux « Going Wrong ». La trame des morceaux n’ont absolument rien de véloce mais l’univers de Moby est visité avec une précision au laser, sans jamais mourir de froid. On y décèle même des timbres positifs, presque joyeux (« The Perfect Life ») entre deux jongleries troubles et troublantes (« The Last Day »). Quand la plupart se contente de recycler (Daft Punk), Moby joue au nuancier mélodique, jusqu’aux voix qui mélangent de façon assez étonnante les ombres de Dead Can Dance aux rythmes électro du Peter Gabriel de « Growing Up » sur le superbe et hypnotique « A Long Time ».

Celui que la presse avait basculé trop vite du côté des prestidigitateurs sonores fait ainsi le lit de son propre style. On pourra éventuellement regretter une baisse de tension sur la fin (les dispensables « Tell Me » et « The Lonely Night ») mais ce serait jeter le voile sur cet album qui nous offre les chansons les plus incarnées de son auteur depuis presque quinze ans. Funambule.
AmarokMag
8
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le 7 avr. 2014

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