Issues par Julien Lenormand

Après le succès mondial de « Follow The Leader », Korn revient avec « Issues » leur quatrième album qui musicalement reprend là où s’était arrêté « Life Is Peachy » leur deuxième album à savoir dans le noir et le glauque. Au revoir les paillettes et le son hip-hop, Korn fait un retour aux sources et revient du côté des deux premiers albums, enfin presque.

Car si « KoRn » et « Life Is Peachy » évoque également la tristesse et la douleur du chanteur Jonathan Davis lors de son enfance, « Issues » lui prend la stature de véritable concept album de l’esprit du chanteur. Les paroles de l’album évoque principalement les pulsions suicidaires du chanteur qui n’arrive pas à supporter son nouveau statut de rockstar, ses problèmes relationnels avec les femmes et ses problèmes psychologiques.

Contrairement aux premiers albums, « Issues », se permet une production plus étoffée et plus riche avec notamment l’utilisation de samples principalement sur les interludes insérées tout le long de l’album. Le groupe a pris son chemin à contre courant, personne ne les attendait là après le succès de « Follow The Leader ». Korn a fait un retour en puissance et l'a fait majestueusement, le groupe est meilleur techniquement et sa s'entend. Les paroles du chanteur rentre tout de suite dans le vif du sujet avec le titre d’ouverture à la cornemuse « Dead » et la chanson « Falling Away From Me », Jonathan va toujours aussi mal et a des envies de suicide. Le chef d’oeuvre qu’est la chanson « Trash » évoque la rupture de Jonathan avec sa femme Renee et qu’il ne supporte plus les longues tournées toutes synonymes de tentations auprès des femmes. Arrive l’interlude « 4U », ultra produite et samplée, où pour la première fois Jonathan remercie ouvertement ses fans sans qui il n’aurait plus de raison de vivre. Arrive alors « Beg For Me » et son intro à la batterie au rythme militaire qui envoie dans le lourd également.

Les chansons se suivent et sont toutes aussi sombres et remplis d’émotions, jamais le son de Korn n’aura été aussi lourd et les guitares de Head et Munky aussi puissante. Cet album notamment représente un changement dans la façon de chanter de Jonathan, pour faire transparaître au mieux possible ses émotions, Jonathan ne se contente plus simplement de hurler, mais susurre et chante ses paroles, les émotions prennent vraiment une grande place dans Issues. Fieldy résumera bien l’album par cette phrase : « Voilà comment aurait sonné « KORN » s’il serait sorti en l’an 2000 ».

« Hey Daddy » avec ses effets surprenants au niveau du son de la basse est une psychanalyse de la schyzophrénie du frontman qui entend des voix lui demandant de se tuer. La chanson « Wake Up » s’adresse aux membres du groupe, Jonathan leur demandant d’arrêter de se disputer et de continuer à jouer, en effet lors de la tournée Family Values 98’, le groupe alors au sommet n’arrive pas à gérer leur succès et est alors au bord de la séparation. Comme à l’accoutumé l’album se clôture au sommet de son intensité avec la chanson « Dirty » qui raconte le fait que Jonathan voudrait que quelqu’un prenne sa place pour qu’il puisse voir ce qu’il ressent. L’album se termine sur le son de grésillement comme lorsque un film est fini.

A noter qu’à l’origine ce grésillement devait être remplacé par une version un peu différente de l’interlude « Am I Going Crazy ».