Cette mixtape est-elle la fameuse suite de The Lords of Flatbush, initialement prévue pour février dernier ? Tout laisse à penser que c'est le cas, pour le plus grand plaisir des amateurs de gros bangers brooklyniens.
Si "The Lords of Flatbush" avait été une première initiation aux capacités hors du commun du duo à cracher le feu sur des beats agressifs, l'heure est aujourd'hui à la confirmation avec "It Happened in Flatbush" qui s'impose comme le digne héritier de la mixtape de 2013 (3 ans déjà...). Soyez prévenus d'entrée, le parti pris est à nouveau de ne traiter que le côté sombre du groupe, qui n'est clairement pas là pour faire dans la dentelle.
Ronnie J remplace Lex Luger à la production : un son moins léché sans doute, mais qui tape fort, très fort. Encore une fois, ce pari du producteur unique sur l'ensemble de la tape fonctionne à merveille et nous offre une liste de 10 pistes cohérentes, sous forme de cocktail détonnant à base de basses profondes et trippy, lignes de synthé inquiétantes, snares puissants et hi-hats rapides et efficaces.
Ceux qui ont eu la chance d'assister au concert des deux compères à Paris en mars dernier reconnaîtront la 2ème track, "Al Capone", dont ils ont pu goûter un échantillon plus que concluant en live et qui tient clairement ses promesses. "40 Cal" est encore plus lourde et, à la fin de cette 3ème chanson on se dit que cette tape va être une grosse claque. Le plus fort, c'est qu'elle sort seulement 8 mois après le très bon "Evermore", projet le plus abouti du groupe jusqu'à présent.
Effectivement, la suite ne déçoit pas : entre "Going Against God" et sa mélodie à base de sons jeux-vidéo dignes de la Super NES en forme de clin d’œil à la génération 90, "John Lennon" et ses boucles de piano et d'orgue épiques, "Young Kobe" qui fait penser aux morceaux les plus réussis de "Cellar Door", et "Really Got It" qui clôt le tout de manière magistrale, il est difficile de trouver une chanson décevante.
Vous aviez aimé le couplet dévastateur d'AK sur "Moon Shot" ? Le rasta/super sayan énervé remet le couvert sur "Outsiders". Comme toujours, Issa reste l'âme du groupe, charismatique comme jamais. Le duo a encore gagné en maturité, en complémentarité, en cohérence générale, c'est incontestable.
Pas de featurings, l'association se suffit à elle-même et plus personne ne doute aujourd'hui du fait que les 2 MCs de Flatbush figurent parmi les plus talentueux et prolifiques de leur génération. Tout n'est pas encore parfait mais le calibre est gros et la marge de progression se fait de plus en plus réduite. Petit regret ? Une nouvelle prod. de leur compère Erick Arc Eliott des Zombies, l'autre groupe non moins talentueux de Flatbush, aurait été la cerise sur le gâteau.
Bref, un bon gros paquet de 10 sons tous plus lourds les uns que les autres à moins d'un dollar l'unité : jetez-vous dessus, c'est pour la bonne cause. Le "New New York" est bel et bien là et le reste du pays n'a qu'à bien se tenir.