Depuis que je l'ai découvert grâce à une fantastique reprise de Gloria par les Doors, j'ai toujours eu une grande admiration pour Van Morrison, notamment pour son début de carrière avec Them mais surtout ses premiers albums solos, bien évidemment Astral Weeks, Moondance et surtout ce live It's Too Late To Stop Now. Derrière cette très belle pochette se cache un Van Morrison au tournant de sa carrière, avec l'impression qu'il commence à regarder derrière lui, prenant du recul et observant ses diverses métamorphoses.


Alors qu'il n'avait plus donné de concert en Grande-Bretagne depuis l'époque de Them, l'Irlandais revient après un long exil aux USA pour continuer une tournée triomphale où il affiche une forme optimale, certains prétendant même qu'il est à son apogée. It's Too Late To Stop Now provient de plusieurs concerts, notamment un au Rainbow Theatre de Londres. Aucune chanson n'a été modifié en studio (contrairement à beaucoup de live et c'est d'ailleurs ce qui le poussa à exclure la chanson Moondance) et surtout, l'album bénéficie d'une production très nette et claire, sachant bien retranscrire toute la particularité de Van Morrison et de son orchestre, ainsi que l'ambiance du concert. Musicalement il oscille entre jazz, blues, rock, rythm and blues et ballade, toujours avec justesse, créativité et talent. D'ailleurs le groupe (le Caledonia Soul Orchestra) est immense, ils sont 11 à l'accompagner et on a l'impression qu'ils se connaissent tous depuis longtemps tant l'alchimie entre eux est parfaite. Ils jouent avec la diversité des instruments, notamment l'orgue, le violon ou les cuivres. Quant à Van Morrison, il a toute sa voix, aussi belle que puissante et livre une prestation réellement mémorable.


Si j'ai un attachement tout particulier pour cet album, en plus de la virtuosité et de l'alchimie de l'orchestre, c'est pour son ambiance. J'ai littéralement l'impression de me retrouve au beau milieu d'un club de jazz classieux, l'ensemble s’enchaîne avec une vraie fluidité, l'atmosphère magique plane sur tout l'album et l'osmose entre les musiciens et le public est parfaite. C'est aussi par le choix des chansons que cet album brille. On retrouve des titres de son époque Them, dont les incontournables Gloria et Here come the Night, plusieurs morceaux de ses précédents albums solos ainsi que des reprises de Ray Charles, Willie Dixon ou encore Sonny Boy Williamson. Que des choix astucieux, surtout que l'irlandais ne se contente pas de les jouer platement mais il se les réapproprie avec passion et génie et comme il le dira lui-même par la suite, "ces chansons mûrissent avec le temps".


Et on est face à l'un des meilleurs enregistrement public qu'il m'ait été donné d'écouter. Ses deux reprises de Them sont méconnaissables, notamment Here Come The Night et il joue une version de Gloria se rapprochant un peu de celle des Doors. L'intensité est tout le long au rendez-vous, on va de surprises en surprises et il communique à merveille avec son public. Ce qui est aussi frappant c'est la virtuosité et la créativité des musiciens, chacun trouvant le ton juste au bon moment et, avec Van Morrison, ils subliment certaines de ses propres chansons comme la magnifique Saint Dominic's Preview dont l'apport des cuivres et violons en font ressortir toute l'émotion, Caravan ou encore I've Been Working et cette extraordinaire guitare funky. C'est aussi la virtuosité des musiciens que l'on peut saluer, participant pleinement à la l'immense réussite de cet album, comme on peut le ressentir sur le premier titre Ain't Nothin' You Can Do avec un fabuleux duel à trois entre guitare, piano et saxophone. Dès cette première chanson, virtuosité, classe et créativité sont au rendez-vous, le tout magnifié par la voix aussi belle que puissante de Van Morrison. Sinon l'émotion est tout le long totale, notamment lorsqu'il reprend le blues Take Your Hanks Out of my Pocket (quel orgue !) de Sonny Boy Williamson ou I Believe to my Soul de Ray Charles avec son très beau violon.


Tout est prodigieux dans cet album où l'irlandais Van Morrison reprend avec tant d'intensité et de génie tout un répertoire oscillant entre jazz, rock, blues et rythm and blues. Accompagné d'un orchestre virtuose, il nous immerge dans une atmosphère classe et jazzy où, en osmose avec son public, il revient sur sa brillante carrière, que ce soit en solo ou avec Them. Un monument.

Docteur_Jivago
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le 22 mai 2015

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