Après quatre ans sans véritable nouvelle discographique (à l'exception d'une poignée de singles vendus principalement en tournée ou quelques titres éparpillés sur des compilations), Chokebore revient enfin avec un nouvel album. Encore une fois, le groupe aura mis à contribution ce repos forcé faillite de son ancien label oblige afin de tourner (beaucoup) mais aussi se régénérer. Pas pour recharger ses batteries mais plutôt élargir son champ d'intervention. Du coup, alors que l'on attendait un disque plutôt rock et rêche (enfanté sur scène et dans la douleur, enregistré aux États-Unis après deux expériences françaises), It's A Miracle surprend. Tout d'abord par cette sérénité (pas facile de parler de maturité après cinq albums et dix ans d'existence) qui trouve son expression dans l'emploi du piano et des titres plus adultes comme Ultra Lite ou Police, ce dernier pas si éloigné de Radiohead. Enfin et surtout par ce Ciao L.A., en ouverture, ou l'étonnant et très réussi Little Dream, deux vignettes power pop taillées pour les college-radios américaines et que l'on jurerait échappées des répertoires de Weezer ou Pixies. Mais que l'on se rassure, Chokebore reste aussi et toujours, depuis la disparition de Slint ou plus récemment Codeine, le plus formidable ambassadeur de ce rock tendu et à fleur de peau. Il suffit d'écouter les poignants I'll Save You, Be Forceful ou Person You Choose pour s'en convaincre. Enfin, deux ballades Genev a et She Flew Alone, la première acoustique, la dernière électrique rassurent définitivement sur l'état de forme du quartette hawaïen, après une si longue absence. It's A Miracle ? On veut bien les croire. (Magic)