« Le Rock français n'est pas mort. »
Alors oui, disons le tout de suite : Saez écrit sur des poncifs, il balance des banalités sur la mondialisation, notre mode de vie axée uniquement sur la consommation et la jouissance matérielle. Oui il sombre dans les banalités quand il condamne la baisse des effectifs de l'éducation nationale. Oui, c'est vrai. Mais à ce que je sache, il n'a jamais prétendu être un docteur en économie et un album de rock n'a jamais eu la prétention d'avoir la profondeur d'un essai philosophique.
La musique de Saez est un cri du cœur. Un hurlement des trippes qu'il balance au micro à coup de phrases chocs pas forcément toujours des plus fines. Mais quelque part, est-ce qu'on ne peut pas, à un moment donné, avoir envie de ça ? Avoir envie, dans le bus, dans le métro, dans le train ou dans le tram, de juste gueuler sur tout le monde comme il le fait. Ou à défaut, d'écouter quelqu'un avec nos écouteurs, qui le fait à notre place.
Saez revient à ses débuts, au bon vieux rock de Jeunes et cons ou, de manière générale, l'album Debbie. La différence, c'est qu'il a dix ans de plus, une expérience artistique plus aboutie et une envie de rompre, clairement et en bloc, avec les poèmes du Triple Album. Et pour rompre avec l'acoustique, il lui fallait renouer avec ce rock, ces rythmes d'un autre temps. Damien Saez est un garçon des années 70, des années rebelles, de la révolte, de la jeunesse. Mais il vie à une époque où le mot révolution est un snobisme, où on s'en moque, moi le premier. Forcément, ça n'aide pas. Il y a 40 ans, il aurait été une idole, ses titres seraient passés en boucle sur toutes les radios « branchées ». Aujourd'hui, on interdit ses affiches dans le métro : c'est un autre temps.
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