L'un des rares albums studios en solo de Frank Zappa est aussi son dernier sorti de son vivant. Peut-être las de l'acharnement de certains visant à interdire sa musique à cause de mots jugés comme outranciers, loin des bonnes valeurs républicaines imposées par le gouvernement, peut-être aussi à cause de la maladie naissante et d'une musique jugée par certains de ses plus fidèles musiciens comme injouable, Frank Zappa décide de partir en croisade contre l'Amérique bien-pensante et la fénéantise de l'Homme en sortant paradoxalement son seul seul album instrumental récompensé d'un Grammy. Le paradoxe est tel qu'il ne contient aucun mot, juste un colossal travail d'assemblages de sons et mélodies composés sur synclavier.
Si l'on peut rester complètement de marbre face à ce travail synthétique, on constatera une jolie entrée en la matière avec Night School et une violente incursion dans le domaine de l'impossible avec G-Spot Tornado qui en a mis plus d'un bien profond (Frank Zappa jugera qu'il est impossible de le jouer par un ensemble d'humains normalement constitués, The Yellow Shark le contredira). L'approche plus organique de Damp Ankles annonce l'un des derniers enregistrements connus de Zappa de son vivant sur Dance Me This tandis que St.Etienne, cocorico, est un extrait live en France démontrant s'il le fallait encore l'approche ultra-sensuelle que pouvait avoir Frank Zappa, bien accompagné, guitare en mains.