Très bon mélange rock-électro
"Jeff" se situe dans la continuité de "You had it coming", qui amorçait le tournant électro réussi de Jeff Beck. La boite à rythme ou les percussions jouent un rôle assez important dans cet album, même si elles servent surtout à laisser un cadre à la guitare de Jeff pour s'exprimer.
Dans ce genre, c'est probablement l'album que je préfère. Les morceaux sont épiques, la guitare miaule, les orchestrations et les effets sonores très variés sont au service de l'expressivité. Parmi les vieux guitar heroes, Jeff Beck tire bien son épingle du jeu. Jeff Beck a une âme de choriste. Il utilise sa guitare comme un chanteur de gospel le ferait avec sa voix : le tout est de bien doser l'intensité lyrique et de la poser au bon moment.
- "So what" est un de mes morceaux préférés. Il reste longtemps en mémoire, malgré son côté un peu lancinant. Le segment du milieu, vers 1 : 40, me fait toujours arrêter ce que je suis en train de faire.
- "Plan B" est à cheval entre l'électro genre Kraftwerk et la techno. La guitare de Beck, qui semble presque chanter ici, est sublime et magnifiquement soutenue par les légers coups d'orgue électronique. Ce morceau ferait un superbe morceau de niveau de shoot'em up ou beat'em up.
- Pork-U-Pine est désorientant, entre rock industriel, jazz et électro. Avec un jingle féminin répété de temps en temps.
- "Seasons" comporte également une voix de femme digitalisée étrange. Le morceau est plus répétitif ; il commence par de la guitare saturée énervée mais ménage quelques passages contemplatifs étonnants. La fin mélange les deux, de manière tout à fait réussie.
- "Trouble Man", c'est une sorte de free jazz qui serait interprété avec une guitar metal et des percussions afro.
- Un peu dans le même genre, "Grease Monkey" relève plutôt de l'impro avec quelques phrases chantées (par un gars qui fait bizarrement penser à Plant).
- "Hot Rod Honeymoon" est une récréation à la gloire des hotrod, grande passion de Jeff Beck (il a failli perdre sa main, et donc son instrument de travail, en réparant une de ses bagnoles de course).
- "Line dancing with monkeys" est un morceau d'ambiance, avec des plages distillant une atmosphère assez intrigante, et des passages brusquement énervés à la batterie. Sympathique.
- "Jb's Blues" commence par un segment lancinant à l'orgue sur laquelle la guitare de Beck vient poser ses supplications/déplorations.
- "Pay me no mind" est un remix par Beck d'une chanson d'un boy's band black, peu d'intérêt.
- "My thing" est une élucubration pas très inspirée, dont une voix funky de black essaie de camoufler la légèreté.
- "Bulgaria", c'est un peu comme "Whispering a prayer" sur l'album "Alive in the ultra world" de Steve Vaï. ça fait partie de ces morceaux qui ont un souffle d'hymne, et où la guitare oublie qu'elle est électrique pour développer une grâce aérienne toute féminine et délicate. Des moments rares.
- Le morceau se prolonge en quelque sorte avec "Why Lord oh why", qui se perd peut-être un peu au milieu dans la musique d'ambiance, mais reste agréable à écouter.
Pour conclure, un album certes un peu inégal, mais où l'on trouve de véritables gemmes.