Il paraît que beaucoup de gens se rappellent ce qu'ils faisaient le 11 septembre 2001 lors de l'attaque des deux tours. Moi, c'est le 8 décembre 1980. J'avais 14 ans, bientôt 15, j'étais dans la voiture qui me conduisait au collège, je pleurais doucement au grand dam de mon père qui tenait le volant à côté de moi. Il faut dire que mon entrée dans l'adolescence avait mal commencé, j'avais déjà été victime d'un immense chagrin d'amour dont je n'allais jamais connaître d'équivalent plus tard et qui m'avait vu pleurer toutes les larmes de mon corps sur des chansons des Beatles : Girl, Let It Be, While My Guitar Gently Weeps. Les Beatles, je les écoutais depuis l'enfance et bien avant que je sois sorti de la communale, j'avais adopté un style baba cool aux cheveux longs avec John Lennon comme role model. Il est mort juste peu de temps après avoir sorti l'album Double Fantasy sur lequel je m'étais précipté pour l'écouter en boucle avant le drame.
Sur Plastic Ono Band que je viens de réécouter se trouvent parmi les meilleurs morceaux de Lennon : Working Class Hero, Well Well Well, Power To The People. En plus, à l'écoute de tout l'album, des larmes remontent de ma mémoire, mais elle ne me sont pas étrangères, comme si le passé ne l'était pas. J'ai parfois l'impression que ce double traumatisme amoureux et idolâtre est un moment fondateur du spleen qui n'a cessé de m'accompagner toute ma vie et dans lequel j'adore me complaire en me laissant saisir par une oeuvre musicale ou autre.