John Zewizz aime jouir et John Zewizz aime souffrir.
Alors qu'il programmait de nouveaux morceaux pour Sleep Chamber il se rendit compte qu'ils étaient bons mais que le son ne convenait pas pour ce projet déjà bien rodé et qu'il fallait les garder pour autre chose. Ainsi naquit Women of the SS, sorte de projet voué au fantasme dune femme dominatrice et autoritaire à la sexualité maladive et debordante, vêtue d'un uniforme SS. L'exploration du désir que ferait naitre en nous une telle entité.
Son addiction à l'heroine qui s'étale sur une vingtaine d'années incarne ce concept, "la jouissance par la souffrance", grand amateur de donjons SM et ses autres dérivés de jeux de domination, on peut le présenter comme un ascete de la douleur.


Women of the SS c'est un peu comme si on se retrouvait en face d'une de ces "créatures", le désir trop prenant pour pouvoir l'exprimer, la gorge sèche, la frustration, cette idée tenace qui rebondit contre les parois crâniennes, l'obsession d'un désir jamais assouvi, la pulsion contre-nature, le stimulus douloureux, le tortionnaire veneré...


Sorte d'orchestration d'une séance avec une de ces "Mata Hari des années 30", Women of the SS sonne tabou: des cris de jouissances, des ordres, des lamentations, des chuchotements viennent s'apposer aux experimentations analogiques, comme si on avait laissé tourner un film porno allemand en fond sans que ce soit choquant pour autant, tout se mêle parfaitement, on se retrouve plongé dans les nevroses et les vices du compositeur. Jz à cette époque est ravagé par un régime Taoïste composé d'injections intraveineuses quotidiennes et sa musique s'en ressent, c'est très planant, très "enrobant", jamais agressif.


Avec cette voix féminine, sensuelle et pleine d'assurance qui monologue sur la plupart des pistes optant pour différents tons selon l'ambiance, il est indéniable que la musique de JZ sent le sexe à plein nez, mais à la différence de celle de Georges Michaël, ici on est plus ou moins ou courant que tout se passe dans une piéce sombre, éclairée par quelques bougies, on sait qu'elle est brune, belle et élancée, que ses bottes montent jusque sous le genou et qu'elles sont fermement lacées, qu'elle peut être très douce mais aussi très dure, que le contact de ses gants de cuir fait naitre des frissons qui parcourent l'échine, que le kepi qu'elle porte évoque avec effroi le sublime, un terrifiant beau.


Women of the SS c'est bon, mais on ne l'écoute jamais trop fort... on ne sait jamais ce qu'en penseront nos voisins.


J'écris ceci sur cette compilation mais j'aurais honnêtement pu l'écrire sur n'importe lequel des albums du groupe, le concept n'a fait que s'améliorer au fur et à mesure des sorties, les premiers albums étant encore plus expérimentaux et abstraits, s'éloignant vraiment du concept de "musicalité".

sergent_mantuok
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le 24 oct. 2012

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sergent_mantuok

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