Marissa Nadler est un trésor, une chanteuse méconnue n'ayant jamais approché le succès qu'elle mérite depuis ses débuts. En une décennie de carrière et avec 6 albums (et un Ep) à son actif, l'américaine n'a composé que des merveilles. C'est pour cela qu'il est quasi impossible de conseiller un disque en priorité pour la découvrir, même s'il semble difficile à toute discothèque folk digne de ce nom d'exister sans Songs III: Bird on the Water, Little Hells et Marissa Nadler (l'album de 2011). Il est tout aussi incroyable d'apprendre que la compositrice a failli arrêter définitivement la musique l'année dernière, avant d'être remotivée par sa signature sur le label Sacred Bones. Le résultat de ce retour sur le devant de la scène se nomme July et c'est un nouveau chef-d’œuvre.
Produit par Randall Dunn, spécialiste du métal extrême (Wolves in the Throne Room, Sunn O)))), l'album dispose d'un son immense, plein d'échos, d'espace, de pureté et de vibrations. Des sensations déjà présentes dans tous les disques précédents de Marissa Nadler, mais poussées ici à leur paroxysme. L'aspect onirique des chansons est décuplé et la musique s'avance avec une majesté emprunte de délicatesse et d'un tristesse infinie. Expliquer le charme absolu des créations de Marissa Nadler revient à parler de sentiments intimes et ineffables. Il faut invoquer des images de nuages gigantesques traversant le ciel au ralenti ; de vagues s'écrasant sur les rochers ; d'un soleil estival jouant entre les vallées des montagnes ; de certains songes, qu'on oublie aussitôt éveillé, et qui vous donne pourtant les larmes au yeux durant votre sommeil...
Certains y entendront des murmures fantomatiques, des voix d'outre-tombe qui appellent les voyageurs égarés (Anyone Else). Parfois, Marissa elle-même invoque les morts, à l'image de la plus belle chanson de l'album (Dead City Emily). Puis, au détour du chemin, un rayon de soleil perce la grisaille (Holiday in). Et si le chagrin n'est jamais loin, il s'exprime avec une grâce qui oblige à sourire même avec le cœur brisé (Nothing in my Heart, Drive). S'il va être difficile d'offrir un plus beau disque de folk en 2014, il est déjà sûr que July se retrouvera très très haut dans le classement de fin d'année. Déjà, oui, déjà. Mais c'est Marissa Nadler et il faut l'aimer, il faut la soutenir, il faut acquérir ses œuvres et les écouter, encore et encore. Jusqu'à ce que la souffrance se transforme en liqueur.