Dear C. W.

Charlie,

Tu n'étais pas le plus connu ou exubérant des Stones, tu étais plutôt discret, toujours fidèle, bien que toi aussi abimé par quelques excès dans vos folles années.

Au fond, en rythme, semblant effacé et toujours plus attiré par le jazz (et le dessin) que par le rythm' and blues, tu n'en restes pas moins un grand, un Stones, et pas des moindres.

Certaines choses semblent figer dans le temps et éternel, l'image du type sur la pochette de Get Yer Ya-Ya's Out!, hilare, deux guitares en mains avec un âne à tes côtés, en est une.

Tu auras suivi Keith et sa bande jusqu'à Nellcote en passant par les années 1980 sous tension et musicalement étrange. Des trois Stones qu'il restait (calmons nous, Ronnie est à peine un demi Stones), tu semblais être celui capable de rester debout le plus longtemps, et pourtant...

Tu avais beau être un mec moins exubérant que Keith Moon mais tu étais toujours fiable et efficace, un véritable métronome bien que marqué par quelques coups de folies comme ton éternel groove sur Sympathy for the Devil.

Et surtout tu auras musicalement accompagné tant de vies, dont la mienne, et si on te remarquait moins que les outrances de Mick, les riffs ravageurs de Keith, l'incroyable feeling de Mick Taylor ou l'approche unique de Brian, tu n'en restes pas moins aussi important, un véritable socle pour le Greatest Rock and Roll Band in the world.
Et maintenant, plus rien ne sera comme avant.

Tu ne bats plus, du moins plus depuis ce monde, mais tous tes coups de baguettes portés depuis 1963 continueront de résonner éternellement.