[À double-album, double-critique : ici c'est la "Part I", qui se veut universelle]
Il était une fois dans la lointaine ville de Hambourg un jeune groupe de heavy metal dénommé Iron Fist. Seulement voilà, ses quatre membres, le batteur Ingo, le bassiste Markus, et les guitaristes Michael et Kai, leurs noms typiquement teutons ne leurs suffisaient pas. Non, ces gars-là, ils voulaient devenir le plus grand groupe de heavy metal du monde. Aussitôt dit, au revoir maman, les voilà partis sur les routes de Germanie avec leurs instruments, leur bite et leur couteau.
Après des années de recherche du Graal musical, une signature chez Noise Records, un premier EP, nos joyeux compères qui se font désormais connaître sous le nom de Helloween finissent par enregistrer un premier album, Walls of Jericho. Mélangeant une base ultra-rapide thrash metal avec des refains et solos mélodiques et épiques, celui-ci pose les bases d'un nouveau genre qui sera le leur, le speed metal mélodique (qui deviendra plus tard le power metal, mais c'est une autre histoire).
C'est un bel album mais notre quatuor n'est pas satisfait : tout n'est pas abouti, le son est encore beaucoup trop brut et Kai n'arrive pas très bien à conjuguer guitare et chant. C'est à l'auberge du "Metalleux Fringant" qu'ils rencontrent celui qui deviendra leur chanteur, un jeunot de 18 ans à la voix d'or qui s'appelle Michael, comme Michael, ce qui, on le verra peut-être plus tard, ne sera pas sans poser des problèmes par la suite.
Michael accepte sans délai de se joindre à la compagnie et celle-ci décide donc de s'attaquer à son chef d’œuvre. Cet album devant leur permettre d'atteindre le but de leur quête, qui est rappelons-le, de devenir le plus grand groupe de heavy metal du monde, ils voient les choses en grand. Un double-album avec des compositions ambitieuses, des mélodies imparables, des solos endiablés, sur thème de légendes oubliées. C'est sans compter sur le vilain label, Noise Records, qui a décidé de poser des embûches sur le chemin du groupe, et refuse de produire un double-album qu'il juge trop ambitieux.
Le groupe fait contre mauvaise fortune bon cœur et sort donc d'abord une première partie, Keeper of the Seven Keys, Part I. L'album commence sur une Initiation symphonique puis enchaîne les hymnes avec une rapidité incroyable, sur fond médiéval-fantastique. Le tempo ralentit pour la belle ballade A tale that wasn't right, et finit en beauté sur l'hymne absolu Future World, le morceau-fleuve complètement progressif Halloween où l'on chante le pacte avec le Diable, et un court morceau d'outro, Follow the Sign.
Le contraste avec l'album précédent est saisissant : mieux produit, la voix de Michael, incroyablement puissante et capable de monter très haut dans les aigus, fait des merveilles et donne une toute nouvelle coloration à cet album, à rapprocher de plus en plus d'un Iron Maiden sous stéroïdes. C'est un succès phénoménal qui s'exporte même au delà des frontières teutonnes pour atteindre les rivages anglais.
Mais nos compères ne s'arrêtent pas là, loin s'en faut ! À peine un an plus tard, sort Keeper of the Seven Keys Part II. Pour celui-ci, Michael (le premier, le guitariste pas le chanteur) se sort enfin les doigts de leur douillet écrin et reprend la main sur la composition, qui avait été très largement accaparée par Kai sur la première partie. Le résultat n'en est que meilleur, les efforts des deux guitaristes produisant un bijou absolu.
L'album reprend la structure de la première partie : une courte Invitation symphonique qui enchaîne sur une série de chansons qui deviendront des classiques du genre, pour finir sur l'épopée Keeper of the Seven Keys, chef d’œuvre absolu du groupe qui conte une histoire héroïque typée fantasy où le combat entre la Justice et les forces du Mal est symbolisé par les solos tour à tour lumineux ou inquiétants de Kai et Michael.
Ici c'est simple, alors que le premier définissait les contours du genre, chaque morceau de ce deuxième opus est un chef d’œuvre, du riff au refrain et du couplet au solo, de la première note à la dernière. Les thématiques s'éloignent un peu de la fantasy (si on excepte la chanson-titre) pour couvrir des thèmes comme la folie des hommes (Eagle Fly Free) ou l'aliénation dans le monde moderne (I Want Out), avec des paroles qui restent cependant souvent légères et parfois même, chose à peu près inédite dans le metal, humoristique, comme la géniale Dr Stein.
Keeper of the Seven Keys, Part II, qui emporte l'auditeur loin des tracas de son monde vers un monde plus vivant à la vitesse d'un cheval au galop, remporte un succès encore plus grand que le précédent et reste encore aujourd'hui le classique absolu du genre. Il permettra notamment à Helloween de tourner aux États-Unis et au Japon au côté de groupes tels que Iron Maiden, Anthrax ou Exodus... et pour quelques mois, d'accomplir le rêve de ses membres : devenir le plus grand groupe de heavy metal du monde.
[Par ici pour la "Part II", plus personnelle]