La pochette m’intrigue :
. Devant : étonnant blason, à base de tour Eiffel, de chats rouges et de statue de la Liberté encadrant une estampe de l’Artiste en collerette à la Marie Stuart .
. Derrière : inquiétant entrelacs en forme d’ombre chinoise, mêlant sans lien évident un requin, une kalachnikoff, un ballon de foot, un palmier, un saxo, une tête d’ibis et j’en passe plein...
Je prends un ticket, je pousse la barrière de Kékéland ... et là, miracle ! mon cœur s’ouvre avec mes oreilles, mes yeux se ferment pour une petite heure de bonheur profond.
Un rêve, je vous dis : Alice n’a pas eu mieux au Pays des Merveilles.
Dans mon magnifique voyage, j’ai rencontré Areski, M, Les Valentins, Moustaki.. ; ça c’est à peu près normal puisqu’ils ont tous participé directement à l’écriture. En donnant le meilleur d’eux-mêmes, d’ailleurs ; ça se sent à plein nez.
Mais aussi, au détour d’une musique, d’une note, d’une phrase, d’un timbre de voix, j’ai furtivement croisé : Trenet, bien sûr, mais aussi Léo Ferré, Gainsbourg, Henry Purcell, Chopin, Higelin, Guidoni, Prévert... Je vous assure que je les ai vus, cachés dans les buissons de cette grande forêt aux essences éclectiques.
Parce que, à Kékéland, aucun morceau ne se ressemble : on passe, comme au hammam, du cadavre exquis électronique au rock lourd bien frappé, des mélopées orientalo-andalouses à la musique de chambre, de la sonate romantique au free jazz déjanté, du reggae tabagique au neo-tango caustique en passant par la variété humoristique...
Plusieurs secondes après la dernière note d’un dernier morceau ébouriffant, alors que mes pieds hésitent encore à retoucher terre, la Reine me demande, froidement :
- « ça vous plaît ? »
Oui, Brigitte, ça me plaît ! Encore, Brigitte, encore !
Je ferme les yeux très fort. Emmène moi encore à Kékéland !