Né de la collaboration entre le célèbre DJ Krush et le trompettiste de jazz avant-gardiste Toshinori Kondo, Ki-Oku exprime les chaudes nuits de perte, la nostalgie et la lassitude. Il nous fait voyager dans un Tokyo nocturne, confortablement logé à l'arrière un taxi. On voit les néons qui défilent tristement les uns après les autres, les citadins qui bravent les heures avancées de la nuit ou les quelques rares voitures à encore circuler.
Des gouttes de pluie tapotent la vitre. Le monde s'embue alors, et on soupire. Le véhicule s'arrête. Le chauffeur parle dans sa langue incompréhensible. On ne comprend pas et on tend une généreuse liasse d'argent. On ouvre la porte, soulève sa capuche pour se protéger de l'averse et on s'évade lentement dans ce décor lumineux, surréel, plein de poésie et de gravité. Notre esprit s'envole en suivant les élancées de trompettes. On prend de l'altitude.
La sérénité nous envahit, la confiance et la tristesse. Lentement on vogue, on explore. On pénètre la chambre de chacun des habitants de la ville et partage sa lassitude. La chaleur moite nous colle encore à la peau et notre regard se perd dans le vide alors qu'on flotte comme un nuage au-dessus du silencieux brouhaha nocturne. Hum.
Ki-Oku c'est un peu tout ça, le mélange d'un demi-millier de sentiments, toujours porté avec une certaine tristesse. Ce sont les heures de la nuit qui défilent les unes après les autres sans qu'on ne puisse rien y faire. Le refus stupide de se coucher parce qu'on préfère regarder la pluie qui tape contre le carreau. Ce sont les souvenirs qui nous assaillissent et nous laissent chancelant. C'est la beauté du tumulte organisé, de la tristesse désincarnée.
C'est Ki-Oku.