We Hate You Please Die
Oui, c'est le nom du groupe.
Littéralement : "On vous déteste, crevez s'il vous plaît ".
Sympa, non ? Sous ce nom pour le moins nihiliste se cache en fait un sympathique quartet garage rock (désormais réduit à un trio depuis la fin 2022) originaire de Rouen. Pour les plus geeks d'entre vous, peut-être avez vous pensé à un titre de la B.O du film Scott Pilgrim... et bien la filiation semble logique quand on connaît le morceau incriminé.
En octobre 2018, le groupe sort sur son propre label (nommé comme l'album, histoire de faire original, comme le dit si bien en interview l'ex chanteur Raphaël Balzary). Auto-produit chez eux à Rouen, le disque développe son univers trash et sans concessions sur dix pistes sales et gorgées d'énergie. Les guitares fuzz de Joseph Levasseur s'entremêlent avec les lignes de basses brutales de Chloé Barabé, le tout emmené par le jeu de batterie surpuissant et monolithique de Mathilde Rivet, qui ouvre d'ailleurs l'album sur le premier titre, "Rita Baston".
Avec ce morceau, l'ambiance est posée, une voix nous indique d'emblée que "cette génération est baisée" avant de décoller direct dans les plus purs territoires garages punk. On enchaine sur la première face (ouais, je me base sur la version K7) les titres puissants et catchy, comme cette tuerie qu'est "Minimal Function", porté par la voix douce et puissante de la bassiste, ce qui peut évoquer à la fois les meilleures heures de groupes comme X et Sonic Youth... "Hortense", titre court et sous ses apparences bien violente, parle en fait du chat du guitariste. La face A se termine avec "Got The Manchu" qui fait le lien direct entre les années 2010 et 1990...
La face B s'ouvre avec "True Men Don't Drink Milk" (ah bon ? mais j'aime le lait moi pourtant ? zut...), titre peut-être un peu plus mélodique aux vocaux bien harsh de Raphaël. Le morceau suivant, "Figure It Out", ne se situe pas très loin du stoner, avec sa rythmique lente et ses riffs bien lourds. "Kill Your Buddy" remet les pendules à l'heure alors que Raphaël et Chloé nous invitent cordialement à tuer notre pote. L'album se poursuit avec "Structure" qui surfe pas loin des plages des Dead Kennedys avant de se conclure sur un bien nommé "We Hate You Please Die" tout en progression trash rentre dedans.
Ayant découvert le groupe lors de leur concert de release-party en janvier 2019 à la Maison de l'étudiant de Caen, j'ai été impressionné par la cohérence et le côté explosif de la musique du groupe. We Hate You Please Die sont bel et bien la preuve que les petits normands, derrière leurs pommes, leur claquos et leur Mont St-Michel cachent un énorme potentiel. Surtout quand, à l'image de Jacques Cheminade, ce sont des "hommes en colère". Bon, à la simple différence que de vouloir aller sur Mars, ils livrent un disque sulfureux exprimant toute la rage existentielle d'une nouvelle génération "fucked-up"...
En résumé, si vous ne crachez pas vos dents et ne vomissez pas du sang après avoir écouté Kids Are Lo-Fi, c'est que vous n'avez pas écouté le disque comme il le fallait...