On a pu constater au cours de ces seules deux dernières années des reformations éphémères, qui ont permis et permettent aux vieux fans de retrouver des sensations d'antan et aux petits nouveaux de découvrir des entités cultes en live. Mais voilà, peu de skeuds probants (si tant est qu'il y en ai eu) ont assuré leur image par derrière. DEATH ANGEL a lui aussi fait un come back étonnant, d'une manière différente si l'on peut dire. Oui, vous savez ce combo de la Bay Area formé en 1982 (déjà) et qui on connait la suite, a marqué l'univers thrash il y a plus de 20 ans avec son "The Ultra Violence". Puis il y a eu cet accident tragique en bus (encore un, suivez mon regard) sur la tournée promouvant "Act III", où nos philippins ne purent jouer pendant un an, ce qui marqua en quelque sorte la fin d'une histoire magique. Ce n'était sans compter sur la pression des fans et de Nuclear Blast, ayant senti le coup monter petit à petit à la suite notamment de ce concert donné à San Francisco sous le nom de KILL AS ONE (nom de la première démo produite par Kirk Hammett). Cette renaissance inespérée, le groupe nous la gratifie avec "The Art Of Dying" en 2004, sorte de retour aux sources, comme pour démontrer que malgré les années, le 21ème siècle devrait compter sur DEATH ANGEL. Cependant et malgré la tournée nous procurant un bol d'air frais incroyable (rappelez-vous le show du No Mercy Festival aux côtés de TESTAMENT, les festivals comme le WACKEN en 2004...), on avait des doutes. Tout cette remise en marche ne serait-elle qu'une effervescence passagère ?
Car mine de rien, quatre années à rester dans l'expectative ce n'est pas facile quand on est fan. Alors certes, Rob a sorti un album solo l'année dernière, Mark a un groupe étiqueté punk sous le nom de ALL TIME EYES mais tout cela n'est pas satisfaisant en soi. Le titre dévoilé avant la sortie du nouvel album, "Killing Season", se veut alors rassurant. Survient l'étape ultime : la galette est dans le lecteur. L'intro acoustique de "Lord Of Hate" rappelle immédiatement "Thrown To The Wolves". Ils nous auraient refait un "The Art Of Dying bis" ? Pas le temps de réfléchir que le cri de Mark nous crucifie sur place. Inutile de se défendre, on est déjà à terre avec ce titre à la rythmique heavy furieuse qui se termine sur un a cappella fichtrement bien amené. Vous vouliez souffler pour vous remettre de vos émotions ? Ce n'est pas le single "Sonic Beatdown" qui vous le permettra avec ses influences punk et au refrain tranchant. Et là on fait une pause salvatrice après ces deux uppercuts qui nous mettent déjà KO. Car deux points titillent immédiatement nos oreilles : la production et le chant.
Sur les conseils de DANKO JONES, le combo a fait appel cette fois aux services de Nick Raskulinecz (RUSH, FOO FIGHTERS, SHADOWS FALL, VELVET REVOLVER ...) en lieu et place de Brian Dobbs. Non pas que la production puissante de "The Art Of Dying" était un défaut (bien au contraire) mais le groupe avait besoin cette fois d'un coach. L'enregistrement s'étant passé bien entendu en studio à Los Angeles (alors que Mark déteste les studios) mais dans des conditions d'enregistrement live. Dès lors le son de l'album est à la fois mordant tout en conservant un côté old school de bonne augure. Selon les dires des musiciens, Nick, lui même fan du groupe, les a poussé dans leur retranchement. Et on sent que Mark s'est surpassé tant sa voix véhicule principalement de la rage (tout en restant contrôlée même si hurlée) ou se la jouant crooner (le début de "Dethroned") ou encore la posant tout simplement de manière apaisée ("Ressurection Machine").
Outre ces impressions immédiates confirmées après plusieurs écoutes, on note que la variété entamée sur "The Art Of Dying" est présente sur "Killing Season" de manière encore plus prononcée. Cette sensation d'urgence au travers des titres au côté punk est plus que jamais présente, sans compter sur des plans suintant du rock'n'roll survitaminé ("Steal The Crown", "Carnival Justice", "The Noose", "Sonic Beatdown"...). Ce joyeux melting pot est renforcé par de nombreux refrains scandés en chœur ("Buried Alive", "Dethroned", le hard rock "When Worlds Collide" ...), à la limite du hardcore (le surpuissant final de "God vs God"). Dès lors le thrash se devine au travers de toutes ces rythmiques acérées (rien que le break à la METALLICA sur "Buried Alive") couplées aux solos savants du maître Rob qui sortent de nulle part mais d'une précision chirurgicale. Quel boulot abattu par ce dernier ! Car mine de rien, tous les titres sont concis et ne dépassent les cinq minutes qu'à deux reprises. C'est le cas, puisqu'on en parle, de "Soulless" et de "Resurrection Machine". Le premier est mid tempo mais explose en sa toute fin et le second est un peu le morceau « progressif » en guise de conclusion de l'album (même si la rifferie est thrash), avec en son milieu un passage chanté en acoustique puis son final inattendu qui se termine en fade out.
Ainsi la diversité de "Killing Season", ancrée dans la réalité par ces textes inspirés des tensions internationales, puise chez ses grands frères, à savoir la folie de "The Ultra Violence", le feeling d'"Act III", la modernité de "The Art Of Dying". DEATH ANGEL est revenu de ses cendres en 2004 et entretient son statut culte avec un cinquième opus difficile à critiquer tant l'énergie brute digne d'une jeune formation se fait ressentir. Une seconde jeunesse en sorte, confirmant qu'elle n'est pas encore prête de se taire et cela c'est bon de l'écrire.
Morceaux préférés :
"Lord Of Hate"
"Carnival Justice"
"Sonic Beatdown"
"God vs God"
P.S : Il est à noter qu'il existe une édition en forme de digipack comprenant un DVD bonus d'un live enregistré, s'il vous plait, en France. Il s'agit du concert de la Laiterie à Strasbourg en date du 17/04/2003.
D'une durée de 53 minutes, la set-list est la suivante :
"The Ultra Violence part.1" / "Seemingly Endless Time" / "Voracious Souls" / "Mistress Of Pain" / "3rd Floor" / "Evil Priest" / "Stagnant" / "Bored" / "Kills As One".
Soit plus de la moitié des chansons issues de "The Ultra Violence" (même si n'est malheureusement jouée que l'introduction de son morceau titre) et 2 titres pour chacun des deux albums suivants. Ce qui représente bien la première partie de carrière de DEATH ANGEL.
Par contre, l'image est granuleuse et le son vraiment authentique. Ici, point de retouches qui sonnent faux et c'est tout ce qui fait la classe du combo.
L'ambiance est chaude et on regrette de n'avoir pu assister à ce retour en grâce. On constate d'autre part que depuis les cheveux ont bien poussé pour Ted Aguilar et Dennis Pepa.
Enfin, le livret, lorsqu'il est déplié, forme un poster dévoilant en grande taille la pochette.