American Beauty
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Le King du rock'n roll aurait-il pu rêver un plus bel hommage que de voir l'un des King du Blues interpréter quelques titres qui l'ont rendu célèbre ? D'ailleurs Elvis Presley doit lui-même une grande partie de sa réussite aux pionniers du blues, à l'image du That's All Right (Mama) d'Arthur Crudup qu'il jouera à Sam Philips le patron du studio Sun Records et qui lui permit de signer ses premiers vrais contrats et d'accéder à la postérité.
Lui-même ayant été repris par de nombreux artistes (Hendrix, Cream, Clapton...), il s'attaque là aux titres les plus célèbres de Presley, ceux qui l'ont popularisé comme All Shoop Up, Don't Be Cruel, Love me Tender ou Heartbreaker Hotel. En neuf titres, Albert King ne reprend pas Presley, mais se l'approprie, jouant à sa façon et faisant de cette rencontre un condensé de rock et blues, bien rythmé, virtuose et avec une touche funky. Il s'entoure d'un excellent orchestre, offrant quelques mémorables duels de cuivres et il est épaulé par une grande rythmique (composée notamment du virtuose Donald Duck Dunn à la basse) ainsi que des chœurs sur certaines chansons. Lui, il joue sobrement, sa virtuosité à la guitare est toujours autant fabuleuse et sert avant tout les chansons et l'atmosphère de l'album, tandis que sa voix est remarquable, grave et puissante.
Il sublime Presley, livre un album sans fausse note où il alterne entre différents tons, allant du pur blues comme sur Heartbreaker Hotel (quelle émotion et virtuosité !) à du rock tonitruant sur All Shook Up avant de finir en beauté avec un somptueux Love Me Tender, qu'il chante merveilleusement et joue dans la lignée de ce que pouvait faire Presley. L'album est sans fausse note, les chansons s’enchaînent merveilleusement et les moments magiques se succèdent, notamment un fabuleux Hound Dog (quel virtuose à la guitare !), l'improvisé That's all right (mama), le méconnaissable Don't be Cruel, Jailhouse Rock ou encore One Night, sommet d'intensité et d'émotion comme cet album en comporte plus d'un. Si l'intensité et la passion sont bel et bien là, Albert King n'en oublie pas de s'amuser à l'image de ce petit rire durant l'introduction du dansant All Shook Up.
Elvis Presley était un amoureux du blues et du gospel, il y a puisé ses influences et racines pour devenir le King, et c'est un autre King, Albert qui lui rend un vibrant, chaleureux et intense hommage où il s'approprie ses premiers tubes avec virtuosité et émotion.
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le 6 juil. 2015
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