Köhntarkösz voit Vander proposer un nouveau segment d'une autre trilogie.
Aux courtes mélodies de Mekanik Destruktiw Kommandoh qui se rejoignaient pour former un tout, la trilogie de Köhntarkösz (dont l'album éponyme est en fait le second volet, notez bien) instaure de longues pistes comme autant de concepts-albums reliés non plus par le rythme mais une ambiance étrange, presque mortifère (surtout pour Köhntarkösz et Ëmehntëhtt-Ré ). Encore une fois, Vander ne fait rien comme tout le monde et propose non pas le premier volet (KA, alias Köhntarkösz Anteria n'étant pas assez développé dans son écriture alors) mais... le second.
Köhntarkösz est une oeuvre assez sombre tournant autour d'une histoire sur l'Egypte antique où le dit Köhntarkösz est en fait un explorateur troublé qui va pénétrer dans un tombeau égyptien secret où réside Ëmehntëhtt-Ré. Ce dernier avait bien failli ramener le dieu de la création, Ptah, à la vie et ainsi acquérir le secret de l'immortalité. Il sera assassiné au moment d'accéder à la vérité suprême. Köhntarkösz, lui, en entrant dans le tombeau va voir défiler un fragment de temps, de ce temps qu' Ëmehntëhtt-Ré lui confie par delà la mort. Mais il lui faudra à nouveau plus d'une vie pour pouvoir à nouveau révéiller Ptah qui dort dans la stase du cosmos...
Comme dit plus haut, Köhntarkösz est une oeuvre noire.
Presque vide, froide, désenchantée, abrupte. Même presque quasiment instrumentale (justifiant en cela l'abondance de choeurs des épisodes qui l'ouvrent et le ferment, KA et Ëmehntëhtt-Ré) où les voix, LA voix Kobaïenne est reléguée en arrière plan d'un dialogue constant entre la basse, la batterie, le piano. Une alchimie qui reviendra à travers De Futura, grande pièce ténèbreuse et bien barrée d' Üdü Wüdü.
Surtout, l'album ne livre aucune concession et tous les morceaux, même les deux courts à la fin, sont des plus étouffants. Evidemment on retrouve ce motif de transe, de répétition cher à l'entité de Vander mais qui ici se ralentit, semble comme choqué de respirer, comme si il n'en était pas autorisé. De façon anachronique on peut jouer des similitudes entre le titre « Dogs » dans l' Animals des Pink Floyd qui associait la batterie de Mason aux battements d'un coeur à la limite de la rupture et de l'arrêt définitif. Effet d'autant plus surprenant que totalement associé à la noirceur du propos développé dans l'album concept développé par Roger Waters. Or ici, j'y ai retrouvé quelque chose de similaire émotionnellement sur les deux pistes de Köhntarkösz quand elles jouent autant du ralentissement du rythme (la part I) que d'une progression toute en démesure (part II).
Peut-être bien que Köhntarkösz est le chef d'oeuvre de Magma.
Du moins l'une des 2,3 pierres angulaires indispensables du groupe.
Apparemment pas l'album le plus accessible. C'est marrant parce que moi je suis rentré dedans "comme dans du beurre". Je cherche même des disques vraiment assez proche de cet état mystique et hypnotique... A bon entendeur....