L'AMOUR
6.9
L'AMOUR

Album de Disiz (2022)

Tribulations d'un homme en désamour

Raconter la perte du sentiment amoureux est un péril auxquels les auteurs font souvent face. Bien souvent cette perte s'associe à un sentiment douloureux, surtout plaintif et larmoyant - Lamartine tu est chiant, sache-le -. Dans son nouvel album intitulé L'AMOUR, Disiz évite cet écueil morose en racontant la mort de l'Amour jusqu'à sa renaissance. L'album suit ce fil rouge et l'artiste crée du lien autour de cette thématique des différentes colorations que prend l'amour.


La justesse de ces colorations sont dûes au fait que cela est toujours raconté à partir du regard et des sentiments de l'artiste, les premiers morceaux (SUBLIME, CASINO, TUE L'AMOUR) notamment racontent le désamour du chanteur pour celle qui était sa douce. Sans jamais porter un jugement sur ces sentiments, il met en avant son éloignement amoureux comme étant de fait, c'est-à-dire qu'il ne l'a pas demandé pas plus qu'il la voulu ou encore qu'il l'a subie par sa relation de couple. Simplement celui-ci s'est laissé porté par l'usure du temps, ce changement est là, à lui de vivre avec et de l'exprimer avec les bons mots. Autre fait pertinent, c'est qu'il explique sa mésaventure sans que jamais cela vire au personnel (évènement précis de sa vie ou autre). Cela est d'autant plus appréciable car en restant dans le pur sentimental et l'émotionnel, l'auditeur peut les faire sienne - mention spéciale au morceau EMOJI ???? qui passe simplement par les émoji pour parler de ce qu'il ressent -.


Egalement ces amours fugaces et éphémères - les coups d'un soir, les amours pansements, l'amour non-réciproque pour de multiples raisons, etc. - sont chantés pour ce qu'ils sont : une recherche de combler ce vide bien plus qu'une recherche du plaisir et d'abuser de ce plaisir. Quand bien même la recherche du plaisir est là, le sentiment de culpabilité se fait ressentir. Autrement dit, l'homme n'apparait pas comme ce salaud séducteur, mais plutôt comme un sentimental perdu dans sa désillusion amoureuse. Malgré tout la voix est donné aux autres et bien souvent c'est ce qui pêche dans cet album car si les featuring du début d'album fonctionnent plutôt bien, celui d'Yseult dénote un peu malgré sa belle voix. Un beau dialogue se construit entre les deux cependant et met bien en avant cette incompréhension entre les deux.

En revanche le ft. avec Damso dénote trop du reste, le texte n'est pas dans le même mood que le reste et le texte très saccadé de Damso est peu audible et cliché - il fume et il nique, génial, du jamais vu dans le rap/hip hop, merci au revoir -. Serait-un moyen de mettre en avant les relations amicales toxiques dans la recherche d'un amour sincère ? Possible, mais peu probable.


Que dire de la musique et des instrus ? Comme toujours avec Disiz, il montre qu'il est en phase avec les tendances musicales du moment. Ici, les sonorités synthpop, plutôt lounge et répétitives s'adaptent pour devenir du synthpop façon Disiz. L'intelligence de cet album ? Comme dit plus haut, la coloration qu'il donne à ses sons. En effet - et beaucoup le remarquent négativement dans les critiques - cela semble très répétitif en terme de rythmique et d'instru. Chaque morceau reprend la couleur du précédent avec quelques variations. Ainsi fait, la transformation du sentiment amoureux se fait progressivement et naturellement, forçant l'auditeur à accepter chaque étape de ce cycle du désamour vers l'amour nouveau. Ainsi le premier morceau et le dernier morceau proposent des ambiances très différentes et pourtant si similaires. Dans l'ensemble, c'est lumineux et doux.


Mention spéciale au néologisme Beaugarçonner, qui rappelle les origines du jeune Disiz la peste (nom qu'il rappelle dans cet album, comme un retour aux sources du Beau gosse qu'il était). Il y a une vraie recherche de texte qui fait plaisir.


En conclusion, tout n'est que relation dans l'amour, avec l'être aimé, avec ses amis, avec des inconnu.e.s, avec des amours fugaces, passionnés, avec les amours d'un soir, avec des amours pansements, avec le désamour, avec soi. Disiz fait accepter que l'amour est un sentiment complexe et multiple, bien loin de cette simple relation amour/haine. Rien n'est à jeter dans L'AMOUR car se serait refuser l'être en quête d'un amour heureux que nous sommes tous.

Micuit
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 25 mai 2022

Critique lue 23 fois

1 j'aime

Micuit

Écrit par

Critique lue 23 fois

1

D'autres avis sur L'AMOUR

L'AMOUR
Sebich21
6

Une boite de chocolats

Album concept dont le titre est le seul et unique thème de l album. Des prods variees permettent a chacun de trouver un son qui lui plait. Le soucis est qu aucune piste ne sort du lot ou ne propose...

le 18 mars 2022

6 j'aime

L'AMOUR
Samrig
10

L'album de la consécration

Que dire de L'Amour ? C'est pour moi le plus bel album de Disiz où son cœur parle tout simplement. Il serait bête de ne pas dire que mon avis est peut être influencé parce que je viens de vivre une...

le 18 mars 2022

6 j'aime

L'AMOUR
Ig-Perrish
7

Ça BOUNCE et ça GROOVE

Ce serait pas l'heure de critiquer le dernier Disiz là ? Oui SUBLIME ouvre bien l'album, le texte est simple, l'instru est belle, c'est plutôt cool. Ensuite CASINO est dans la parfaite continuité...

le 21 mars 2022

4 j'aime

Du même critique

Masculin féminin
Micuit
8

J'hésite entre Marx et le marxisme (mais pas le coca-cola).

Sans vouloir faire une redite des critiques que l'on peut trouver sur le site, il s'agirait de se poser la question suivante : Que reste-t-il de ce film aux petits enfants de Marx et de Coca-Cola ...

le 18 févr. 2022

2 j'aime

L'AMOUR
Micuit
8

Tribulations d'un homme en désamour

Raconter la perte du sentiment amoureux est un péril auxquels les auteurs font souvent face. Bien souvent cette perte s'associe à un sentiment douloureux, surtout plaintif et larmoyant - Lamartine tu...

le 25 mai 2022

1 j'aime