Drôle de disque que celui-là. Certes, c'est une bande originale de film, en l'occurrence celle d'un documentaire de Frédéric Rossif, avec qui Vangelis a collaboré à plusieurs reprises, notamment sur L'Apocalypse des animaux ou Opéra Sauvage. La différence entre ces deux-là et celui qui nous intéresse ici, c'est la cohérence du propos musical, voire son intérêt. Les deux autres forment de très beaux albums, que l'on peut écouter sans le support des images et qui s'inscrivent naturellement dans l'évolution artistique de Vangelis. La Fête Sauvage, en revanche, paraît très vite décousue, et furieusement inégale.
Le disque démarre pourtant très fort, avec une mélodie puissante, parfaitement orchestrée et soutenue pour l'occasion par des percussions africaines, une rareté chez Vangelis qui en use pourtant avec talent. L'excitation suscitée par ces 2'30 initiales remonte hélas très vite, quand toute musique originale laisse place à des chants africains et des bruits d'animaux dans la savane, à peine parasités par des improvisations foutraques en arrière-plan.
Les percussions reviennent deux minutes plus tard, mais elles sont les seules à se donner du mal, les synthés continuant à errer sans but précis.
On arrête tout vers la neuvième minute, pour un joli pont de flûte quasi solitaire, avant que voix et percussions reprennent le fil de leurs bavardages pour une fin de première partie à l'abandon.
L'équivalent d'une face A de vinyle vient de filer, et on n'en a pas retenu grand-chose. Heureusement, la deuxième partie introduit une véritable mélodie digne de Vangelis, subtile et aérienne, parfaitement à sa place dans l’œuvre du compositeur, proche de certaines mélodies à venir d'Opéra Sauvage.
Cette fois, le claviériste prend le temps d'installer son atmosphère, puisque ce thème déroule ses variations sur presque 10 minutes. On s'attend alors à ce qu'il passe autre chose sur les 10 restantes, mais en fait non. On passe par quelques arrangements plus sombres, avant de finir par retrouver le même thème en guise de conclusion.
Des deux mouvements majeurs de La Fête sauvage, on ne retient finalement qu'une ouverture remarquable, et une belle mélodie hélas trop étirée en des arrangements sans fin. Trop peu pour marquer les esprits, et vraiment très insuffisant par rapport aux autres productions de Vangelis dans les mêmes années.