8 ans. C'est le temps qu'il aura fallu aux deux membres du Klub des Loosers pour sortir un second album, après "Vive la Vie" (2004) leur précédent album. Le Klub c'est un groupe de rap versaillais (oui,oui) qui compte deux membres : Fuzati, rappeur mais aussi producteur ainsi que Dj Detect qui est (roulements de tambours) Dj. Un peu comme la Mano Negra en son temps et son "rock alternatif", le duo fait partie de ce que l'on pourrait appeler la scène alternative du Hip-Hop français. Les thèmes abordées sont souvent différents et les productions travaillés différemment. "Vive la vie" était un ovni du rap français, caractérisés par le flow plat et volontairement en décalage de Fuzati (et de ce fait particulièrement déroutant en premier lieu ) et des paroles extrêmement travaillés et sombres.


Après un premier contact douloureux avec l'album via la pochette ,il faut le dire, hideuse, on retrouve donc Fuzati et Dj Detect pour 13 titres où la joie de vivre et la bonne humeur vont se faire très discrètes. Lorsqu'on écoute le Klub des Loosers, il faut oublier tout ceux qu'on a eu l'habitude d'entendre en termes de rap français. Le flow de Fuzati est particulier,c'est certain, mais moins difficile d'accès que sur l'album précédent. Les "instrus" servent d'ailleurs parfaitement les paroles avec des ambiances et des influences allant du jazz aux chansons rétros du milieux du siècle derniers.

Ce qui fait que les albums du Klub jouissent d'une aura si particulière, c'est aussi grâce à la profondeur des textes dont on découvre de nouvelles subtilités au fil des écoutes. Les lyrics sont plus violents et froids que dans l'opus de 2004 et mêmes si Fuzati n'a pas perdu son sens de la formule et ses métaphores ciselés, l'humour qui parcourait certaines a disparu laissant sa place à une pensé plus cynique reflétant bien les 8 ans passées entre les deux albums. Le nihilisme est omniprésent, et on se rapproche parfois de thèmes schopenhauerien, comme lorsque Fuzati nous explique plusieurs fois pourquoi il n'aura jamais d'enfants, afin de leurs éviter un lot de souffrance inéluctable. La foi en l'être humain étant définitivement loi du rappeur versaillais, c'est la solitude et la tristesse qui prime. Les écoutes sont de plus en plus rude, et lorsque l'on commence a cerné le personnage on ne peut pas sortir tout à fait indemne de l'album qui nous est livré.

Plus tranchant que par le passé et moins léger que sur les albums qu'ils nous ont livrés au sein du Klub des 7, les deux acolytes sont ici au sommet de leur art. Avec un album qui peut paraître assez froid et cru au premier abord, le Klub accouche d'une oeuvre torturée, où l'esprit malade et dépressif de Fuzati hante chaque pistes avec génie. Cependant, à éviter les jours de déprime ou bien lorsque l'on est accompagné de personnes un poil sensible.
Manny
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le 9 juin 2012

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Manny

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