Pierre Lapointe sait définitivement se différencier de la masse par ses tournures particulières de phrase, ses mélodies entraînantes par moment, douces et amères quelquefois. C'est d'ailleurs une force de l'album que de savoir jongler avec les ambiances et capter l'attention de l'auditeur par des textes originaux, excentriques, sincères et authentiques...
Je répète toutefois que le plus grand talent de Pierre Lapointe s'avère sa capacité à créer des univers. Et il ne fait pas exception dans ce cas-ci avec des textures graves sinon tourmentées. Le piano se fait un chemin de manière subtile et toujours aux bons temps. Ainsi on a l'impression de voyager à travers les airs plus pop et le piano qui s'exprime de belle façon. La voix ne pose pas problème même si on ne souhaite pas trop voir la vocalise grimper dans les aigus. En fait, vocalement, ça se fond bien dans le paysage tortueux de l'artiste. On se sent vraiment dans une forêt magique ou d'autres personnages tous plus bizarroïdes les uns que les autres peuplent les lieux.
À découvrir comme artiste et surtout en tant qu'auteur de textes toujours soignés et torturés, comme une longue ballade triste et belle, comme un flot cohérent qui valse sur le courant emmené par l'artiste. Toutefois, il faut demeurer prudent avec ce genre. On peut facilement devenir accroc à la morosité ambiante. On ne danse pas de joie lorsqu'on écoute Pierre Lapointe.
On va plutôt en promenade à pied dans... la forêt des mal-aimés.
8/10 Style personnel, original et assumé.