C’est toute auréolée de son Golden Globe pour la meilleure bande originale, que la musique de Lalaland vient poser les jalons d’un succès écrit d’avance et vendu par des médias unanimes. Oui mais non. Il n’est pas question ici d’une quelconque entreprise de démolition, seulement d’un rappel aux principes de la comédie musicale, dictés pour la postérité dans les années 50, âge d’or du genre à Hollywood.
Certes, l’inspiration de Justin Hurwitz se situe plutôt du côté de Jacques Demy et Michel Legrand. Il n’empêche que la bande originale d’une comédie musicale ne peut être un demi-succès, tant elle y est primordiale. Mais voilà, Justin Hurwitz est, quoi qu’on en dise, un débutant et sa trame sonore pour Whiplash ne peut être une référence, le film comportant surtout des reprises. Hurwitz est avant tout scénariste, Lalaland n’est que sa deuxième composition et cela se ressent tout au long de l’écoute. Cette bande-originale souffre de trois principaux problèmes. Tout d’abord une unité musicale qu’elle peine à trouver, oscillant entre jazz, swing et boogie, le tout en singeant un Michel Legrand un jour sans inspiration. Les arrangements sont parfois étouffants, en voulant à tout prix « faire comme », il en oublie de laisser une place aux chanteurs qui subissent une balance parfois trop en faveur des musiciens. Pour finir, artiste musical est un métier et Ryan Gosling a certainement beaucoup travaillé, mais il vient allonger la liste des acteurs ayant poussé (pas trop haut quand même) la chansonnette le temps d’un film. Il chante bien, mais il n’est pas chanteur ça se confirme. Emma Stone, sans atteindre la performance, a pour elle une tessiture qui, non seulement est douce à l’oreille, mais en plus correspond à l’image que cette actrice donne d’elle-même.
La bande-originale de Lalaland est jolie, propre et certainement pas désagréable à écouter, mais elle n’est ni inspirante ni inspirée. Elle ne rentrera pas au Panthéon comme l’ont fait Fame, Chantons Sous La Pluie, Hair, Yentl ou encore Brigadoon. Quand on sait que pour ce genre cinématographique qu’est la comédie musicale, la musique compte au minimum pour la moitié de la qualité du film, le reste a cette fois intérêt à être hors norme. Sauf bien sûr si les critiques et les médias continuent leur matraquage, dans ce cas tout est possible…
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