Album très singulier sorti en 1990 par un groupe français nommé La Mâchoire.
Je ne sais absolument rien de ce groupe, si ce n'est qu'il comptait dans ses rangs un certain Paquito Bolino, graphiste peut-être connu dans le milieu, mais mes connaissances en la matière étant proches du néant, je me garderai bien d'en dire plus.
En revanche, musicalement, je me sens un peu plus légitime à décrire l'"oeuvre" du bonhomme. On est ici en présence d'un rock teigneux, glauque, sale, aux influences noisy, qui dégage une ambiance résolument sombre et violente. La plupart des morceaux sont assez heurtés, pas vraiment linéaires, ils alternent les parties lentes et rapides, et me rappellent un peu en cela les groupes de screamo ou de Power-violence-mes-genoux, mais la comparaison s'arrête là car la tonalité générale est ici beaucoup plus punk et la voix du chanteur bien plus hargneuse et moins geignarde que celle des pleureuses qui officient généralement dans le screamo. Les influences du groupe sont sans doute à rechercher dans des genres qui me sont peu familiers (Sonic Youth ?), mais personnellement, je perçois ici ou là des sonorités qui ne sont pas sans me rappeler le groupe rouennais Pleum, les américains de Big Black ou bien encore les suédois de Brainbombs.
Quant aux textes, très incisifs, ils alignent des mots et des expressions sans volonté de construire des phrases intelligibles ou de leur donner du liant. Les mots s'y entrechoquent plus qu'ils ne s'assemblent, et semblent davantage choisis pour leur impact, pour leur capacité à créer des ruptures ou évoquer des images marquantes, que pour formuler une pensée claire à laquelle s'accrocher.
Merci c'est sale, victime météo, une bonne guerre, il pleut des yeux, rentre à la base, merci c'est sale, tenir le choc, la cagoule, une autre bière, il pleut des yeux, rentre à la base, merci c'est sale, la bouche en feu, désossez-vous
Au final, un album français trop méconnu et malheureusement voué à l'oubli (il est introuvable sur la toile je crois), mais vraiment très original, à rapprocher des oeuvres "musicales" des grands dérangés du rock, tels que Brainbombs, Big Black, GG Allin ou SPK.