La Note bleue par Alligator
Ma culture jazz est inexistante, ma culture musicale est pauvre. Mais quand il s'agit de jazz, le gouffre est un des plus vastes que je déplore. Et pourtant je n'ai pas le sentiment de faire un rejet pur et simple de ce type de musique. J'ai essayé quand j'étais ado, j'aimais bien Thelonious Monk ou Dave Brubeck, les classiques mainstream également. Et puis, tout doucement, je n'ai plus écouté de jazz, petit à petit, sans m'en rendre compte, sans résistance non plus, par fainéantise, par bêtise.
Malgré tout, j'ai longtemps gardé enregistrement sur cassette audio d'un 33 tour qu'un copain m'avait prêté et qui ne voulait pas sortir de ma tête : cette note bleue est foutrement entêtante. Depuis la mort de la bande magnétique, j'ai remis la main sur l'album en numérique, et je me le repasse régulièrement avec un enthousiasme sans cesse renouvelé. Il est clair qu'il y a une grande part de nostalgie mais au fond cet album est très vivant, bien ossu, riche de ses nombreuses ruptures et de sa grande diversité de tons et de directions.
1/ Besame mucho:
Très entêtant, d'autant que l'air est bien connu. Le velouté du saxo se marie voluptueusement bien avec le piano, la batterie et les grattes. A la fois doux et agité, ce morceau vous emporte loin et haut. Que voilà une entrée en matière musclée! J'adore.
2/ No problem:
Toujours pratiquement sur le même rythme et dans le même genre musical, celui-là est aussi entrainant. Peut-être plus enjoué? Des ruptures intérieures aèrent, donnent un tonus particulier, très agréable. J'adore encore.
3/ Pauline:
Très doux et lointain d'abord, comme un murmure. Il y a quelque chose d'oriental, de chaud et enveloppant. Émouvant et exotique. C'est quoi ce ronronnement derrière, une contre-basse? Un violoncelle? Très court et très marquant.
4/ Round'bout midnight:
Encore très délicat, c'est une discussion entre un saxo et un piano, calme, sereine, et surtout très mélancolique. C'est à qui exprime le mieux son blues. Une histoire d'amour? On dirait que la pochette de Loustal illustre ce morceau-là. De la tristesse, comme après un rendez-vous foiré. Peut-être peu marquant, mais cette langueur fait un autre bon moment de respiration dans l'album.
5/ Les jours heureux:
Le rythme se lève un peu. Mais c'est un morceau qui me semble plus traditionnel. Avec un tempo soutenu où de nombreux instruments sembler chanter en même temps, ce que j'apprécie moins. Très court.
6/Mr Martin (Voleur d'amour):
Peut-être plus dynamique encore. Y a un côté brésilien, la guitare samba(lle). Joli et entrainant. J'aime bien. On retrouve cet élan généreux des deux premiers morceaux.
7/ Un baiser rouge:
Simple et bon, l'intro attend un peu avant que la batterie soit frottée : très court, une vraie caresse. Miam.
8/ Portrait de l'artiste, avec saxophone:
Agité, le rythme se réveille considérablement. A lire l'intitulé, on pourrait supposer que ça fait allusion à la couverture de l'album par Loustal, mais je maintiens que c'est bel et bien Round'bout midnight qui est plus parlant. Agréable, mais sans plus, je suis moins emballé. Le solo de batterie à la fin donne une belle sonorité, mais dans l'ensemble je ne suis pas totalement convaincu par ce "portrait".
9/ Whisper not:
Un des moments les plus entêtants. Le rythme s'est calmé, mais garde de la vie. Le pied continue de tambouriner le sol. C'est vraiment une très belle pièce qui reste dans la cervelle, qui donne l'envie de lalaliser tout fort. J'adore. Quand le solo prend le dessus à mi-parcours, cela ne modifie en rien la joie de l'écoute, bien au contraire.
10/ Triste again:
Comme son nom l'indique, on est proche du twist. Donck, forcément, très entrainant, cela donne du peps. Incontestablement l'un des morceaux les plus ravissants (dans tous les sens du terme). J'adore 4ème du nom. Ça fait beaucoup de J'adore sur un album, signe qui ne trompe pas.
11/ Harlem nocturne:
Un morceau incontournable, un classique, superbement adapté, enveloppé dans une sorte de grâce à vous donner le grand frisson. Quand j'écoute ça, je me demande bien pourquoi je suis aussi peu attiré par le jazz. J'adore V.
12/ Besame mucho (solo):
Le saxo est tout seul, tout nu, tout beau. Marche aussi bien qu'accompagné.
13/ Goodbye:
Très doux. Très triste aussi. Les adieux font verser quelques larmes. Très long (plus de 6 minutes), le morceau s'étire, ne parvenant pas à nous quitter, nous faisant croire qu'il s'agit du dernier petit coup de l'album.
14/ All blues:
J'ai du mal à saisir cette portion. Ça m'attrape moins. Ça me parle pas vraiment. Un des rares morceaux que je peux oublier entre deux écoutes. C'est à se demander s'il n'a pas été rajouté de façon artificielle. Le précédent était si cohérent...
15/ No problem (with soprano):
Autre version, bonus, beaucoup moins gaie et pimpante, plus étirée, plus triste. Je préfère 100 fois la première version.
16/ Round'bout midnight (quintet version):
Dernier bonus. Peut-être un peu trop de langueur? Y a de quoi s'endormir. Mais je ne dis pas non à faire l'invitation. La sieste pourrait se révéler agréable. Très tendre et caressant.
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