*Pour compléter cette critique qui date un peu, je vous recommande d'aller voir un petit strip que j'ai fait sur mon blog à son sujet *
En 1997 sort au Royaume-Uni et partout dans le monde un nouveau médicament sans ordonnance. Malgré son efficacité pour traiter les problèmes de cœur, les accès de rage et les coups de blues, et un succès commercial accompagné de la reconnaissance des spécialistes, son utilisation est aujourd'hui devenue plus confidentielle. Pourtant, sa recette inattendue a de quoi intriguer. Il s'agit en effet non pas d'un composé chimique synthétisé en laboratoire, mais d'un disque en aluminium criblé de trous microscopiques qui code une musique. Ladies And Gentlemen We Are Floating In Space est en effet, comme vous l'aurez deviné, un disque compact (ou un vinyle pour les plus péteux) au packaging parodiant celui d'une notice de médicament. Je ne vous raconterai aucune des magnifiques trouvailles du livret, d'une pour ne pas spoiler ceux qui souhaiteraient se le procurer, de deux parce que je ne l'ai présentement pas sur moi, c'est con. Je pense cependant que au delà de la blague, on peut très bien utiliser cette galette comme médicament.
Certes, s'il vous prend d'écouter cet album dans de mauvaises conditions, il pourrait aggraver les choses en vous collant un mal de crâne carabiné, mais dans la plupart des cas il s’avérera l'outil idéal à la détente, détente du corps et de l'encéphale, non pas parce qu'il faut l'écouter le cerveau éteint, mais parce qu'il enveloppera votre cortex dans une douce et chaleureuse brume, qui vous emmènera dans un monde inconnu, mystérieux et tranquille. Que ce soit bien clair : je ne sais pas s'il est efficace pour soulager une douleur physique, mais son effet peut-être comparable à celui d'une bonne dose de morphine dans le bras. Rares sont les albums qui arrivent à ce point à restituer une sensation physique, et celui-ci choisit bien son packaging.
Nous faire explorer un apaisant brouillard là où on attendait seulement deux trois tubes FM efficaces, mais quelle idée ? Spiritualized est décidément l'ovni de la brit pop. Mais en est-ce vraiment ? Ils ont beau être un groupe anglais évoluant dans les années 90, on citera plutôt le shoegaze ou le psyche en évoquant le combo britannique. Et là encore, il y aurait débat. Spiritualized s'éloigne de My Bloody Valentine et Slowdive, pour une musique moins vaporeuse mais toujours brumeuse, plus accessible, parfois plus mouvementée, ce qui n'est pas pour me déplaire tant l'impression que l'album a été enregistré dans une salle de bain a toujours été pour moi un frein pour apprécier le genre.
Si l'album entier n'est constitué que d'excellentes chansons, alternant entre la promenade dans les limbes et l'explosion d'énergie quasi-punk, on retiendra deux chansons qui se détachent nettement du lot. L'ouverture incroyable où dès le début la voix de Jason Pierce décide de vous déconnecter sans plus attendre ce qu'il vous restait de réticence en chantant en écho et en décalage total avec elle-même, sur tois plans en même temps, et le final impressionnant, long de 17 minutes, de Cop Shoot Cop, ponctuée d'explosions jazzy ou expérimentales. La première notamment, suffira en quelques minutes à vous convaincre d'approfondir votre découverte de cet album majeur. Pendant ces courts instants, vous aurez véritablement l'impression de flotter dans l'espace.