Première collaboration entre Vangelis et le documentariste Frédéric Rossif (pour qui il composera ensuite Opéra sauvage, La Fête sauvage, Sauvage et beau - oui, ils avaient un truc avec le sauvage - ou "De Nuremberg à Nuremberg" - tiens, en parlant de sauvages...), L'Apocalypse des animaux est un disque très discret, tout en retenue. Loin de la violence suggérée par l'étrange titre de la série documentaire réalisée par Rossif (que je n'ai pas vue).
Le côté électronique ne prédomine pas tant que cela, Vangelis recourant notamment à des pianos électriques au son familier - à l'image du morceau emblématique de l'album, "La Petite fille de la mer" -, mais aussi à une trompette jazz ("Le Singe Bleu"), à des percussions diverses (le titre introductif, étonnamment rythmé et joyeux par rapport à ce qui va suivre)...
Les synthés sont là pourtant, notamment pour déployer de magnifiques nappes planantes, comme dans "Création du monde", lent voyage rêveur long de dix minutes dans lequel on s'abandonne comme on glisse dans le sommeil.
Deux ans avant le déchaînement lyrique de Heaven & Hell, Vangelis délivre un disque d'une grande délicatesse, doux et poétique, invitation contemplative à admirer pacifiquement le spectacle de la nature.