Rock prog dans tous ses états
L’Angleterre, on ne compte plus les groupes qui s’y créent, les modes et la musique qui s’y réinventent. Dans les années 70 déboule King Crimson, dans le rock progressif à l’époque il y a deux monstres, La machine de guerre Pink Floyd et le discret King Crimson. Dans l’ombre de Pink Floyd il n’en sont pas moins inventifs, parfois très violent avec des guitares qui déchirent littéralement la scène.
Larks’ Tongue in Aspic, c’est peut-être leur album le plus abouti, il commence avec la Pt.1, petites percussions, un peu de xylophone, les violons prennent ensuite le relais amenant du suspense dans le titre. On attend que ça explose, les violons s’accélèrent, enfin une énorme guitare vient déchirer le morceau puis disparaît, les violons reviennent, le suspense toujours de mise et boom, deuxième explosion, mais cette fois elle ne se calme pas mais lance le morceau, c’est parti. Alors là on n’est dans du pur rock prog, psyché, ça dure un temps puis on nous offre à nouveau un petit moment d’accalmie avec un doux violoncelle, des chants d’oiseaux, c’est vraiment beau. On est même surpris d’entendre une musique de chambre asiatique, ils nous emmènent loin. Ce repos était long mais le morceau n’est pas fini et les violons annonciateurs d’orage sont de retour, l’explosion finale est imminente. Et là ça pète une dernière fois mais de façon plus douce, comme si ce petit voyage nous avait immunisé à l’orage, le morceau se termine sur un xylophone. Voilà l’album est lancé, pure introduction ! Book of Saturday nous cueille à la sortie du morceau précédent, de ses petites guitares, encore du violon décidément caractéristique du groupe, et le chant apaisant de Robert Fripp berçant la mélodie. Nouveau voyage, « Exiles », on commence sur des bruits étranges, inquiétants et des voix comme perdues dans l’immensité, une batterie se dévoile, un violon la suit, on s’émerveille, la voix cassée du chanteur retentit, frissons assurés. Au détour de la chanson on entend une petite guitare trafiquée qui n’est pas sans rappeler un certain Robert Wyatt, autre monstre sacré du Rock prog. Easy Money, plus rythmée, balance ses grosse percutions, on hoche la tête, ça passe. Calme après la tempête, on entend presque plus la voix du chanteur, on ne perçoit que quelque instruments puis le refrain survient « EASY MONEY » , retour au calme mais une batterie s’est jointe à l’aventure. « EASY MONEY », Riffs de guitare, à l’ancienne comme il se doit, on hoche la tête. On a vraiment l’impression qu’une discussion a lieu entre les instruments, ils se répondent, s’appellent. La batterie devient plus nerveuse, toutes sorte de percutions se mêlant à ce soudain engouement, ensuite des voix « boudidada boudidu… », violons épileptiques, c’est reparti. Et la chanson de se terminer sur « EASY MONEY ».
The talking drums, morceau que l’on pourrait simplement qualifier de montée en puissance, on commence dans un désert ou le vent souffle et ou des trompettes sifflent, on entend au loin un djambe, il va se rapprocher de nous tout au long du morceau, une basse le rejoint, ils s’approchent. Un violon ensuite, ça devient de plus en plus proche, la rencontre est imminente. C’est là, les guitares psychés nous enveloppent, c’est puissant. On atteint les sommets, ça va péter… retentissent alors des cris aigus stridents, on a les tympans en compote mais on s’en fout parce que la Pt.2 s’est enchaînée directement, grosses guitares, accalmie, grosse guitare... comme dans la Pt.1 sauf qu’ici on arrive au bout du chemin. Ils donnent tout ce qu’ils ont dans le ventre avant le final, le batteur se déboite les bras. Enfin Explosion finale, somptueuse.
L’album finit en apothéose, ainsi se termine une œuvre majeur du rock, en la quittant on la voit s’éloigner mais elle n’est jamais très loin et on y repense des fois, comme à une veille amie qui nous accompagne dans les moments durs.
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