Début des années 1990, la navette spatiale Pixies s'est écrasée, alourdie par l'égo de Black Francis après l'excellent Trompe Le Monde.
Tandis qu'en 1993, le gros de l'équipage séparé sort son premier album solo, rock, énergique mais un poil trop propret peut-être, l'ex bassiste Kim Deal déboule avec sa troupe : The Breeders débarquent avec un deuxième album, le très connu Last Splash, avec le non moins connu "Cannonball", le hit du groupe.
Les titres s'enchaînent comme sortis d'un bain de cambouis. Les guitares ont un son crade, ronronnent, rugissent comme le moteur d'un bolide qui varie sa vitesse. Hors du morceau phare que l'on a dû se passer et écouter jusqu'à l'usure, Last Splash contient d'autres excellentes plages salissantes, collantes, graisseuses. Menaçantes comme "New Year". Lourdes à l'écoute de "Roi". Exotique même avec "No Aloha". Country, tel le murmurant "Mad Lucas" et délicieusement avec "Drivin' On 9", l'au revoir joyeux en reprenant la route après avoir passé un bon séjour rock. La voix de Kim Deal est agréable, mais fait ressentir que derrière sa douceur vocale se dissimulent des salaceries.
Tout n'est pas parfait. Le temps a fait jurer le son d'un album 'culte' qui, cependant, reste captivant si on passe outre l'inconvénient sonore que les années ont un peu moisi. "Invisible Man", par exemple est toujours superbe.