La première fois que j'ai écouté PNL, j'ai eu l'impression d'avoir à faire à un mélange entre Lacrim & Doc Gynéco, le premier pour le discours, le second pour la lenteur de leurs flows. Mais bizarrement, moi qui préfère en règle général les flows énergiques, j'ai immédiatement été séduit par leur style plus posé. Il faut dire merveilleusement associé à des instrus épurées & mélodieuse, à l'ambiance morne & morose, loin de la trap merdique dont le rap français use & abuse.
Niveau texte, ce ne sont ni des poètes de la prose ni des gros punchlineurs. Ils n'ont d'ailleurs pas un vocabulaire très riche, les mêmes termes reviennent assez souvent dans leurs chansons. Il suffit d'écouter un refrain pour se faire une idée de leur faiblesse lyricale. (La vérité c'est qu'j'suis autant obsédé par l'argent/Que j'suis to-to-totalement pété, gros pédé/Viens prendre ta cons', cons', cons'/Avec Nabil on n'est pas à onze, onze, onze, oh lala).
Et pourtant ce n'est pas si mauvais à écouter, notamment grâce à la technique vocale d'Ademo, qui façonne des rimes par la répétition du même mot ou d'une résonance proche tout en jouant sur leur consonance, cela donne un flow plutôt percutant. Mais surtout, il dose parfaitement l'utilisation de l'auto-tune sur ses couplets ou refrains. N.O.S a un style moins reconnaissable et moins original mais nous gratifie de quelques bonnes mesures (Caresse du temps qui passe pour m’adoucir/Changer d’vie maintenant, igo c’est pas possible/J’peux pas m’endormir sans demander pardon/J’fais plein de souvenirs, j’retourne au charbon)
Les termes abordés sont toujours les mêmes : faire un max de bénèf en vendant diverses substances illicites, tout en étant parfaitement conscient de la situation conflictuelle dans laquelle ils se retrouvent sans en faire l'apologie (Mon Dieu c’est la merde, mais déter’, j’fais la guerre/J’bicrave sept sur sept, H24, en bas du hall, j’ai tant bibi/Au fond j’ai la haine, mais quand j’m’endors faut qu’je me lève). Et c'est bien çà qui leur donne un style unique, car contrairement au reste du rap game, ils ne tirent aucune gloire à dealer, c'est simplement leur moyen le plus rapide de faire du cash pour la famille. (J'veux pas d'cette vie banale, sur Paname/Et mon ombre tu t'rappelles ? À bibi, 7 sur 7, tout l'hiver/Sur Paname j'roule et j'les vois pas, j'coule et j’m'adapte/J'cours après ma part...)
Après on adhère ou non à leur univers, mais si c'est le cas vous ne pouvez qu’apprécier leur album car il est d'une homogénéité chirurgicale. Les deux frères ont une vrai identité musicale et ne s'égarent pas dans différents styles instrumentaux. Pour résumé, si vous aimez une chanson, vous aimerez tout l'album.