Sur ce sixième album, on croise également un iguanodon et un papillon de nuit nommé Pégase ayant pour toute lune une ampoule. Mais comme l'indiquent le titre et la pochette en clin d'œil (maquillé) à Orange mécanique, c'est surtout à l'animal tapi au fond du genre humain, là où c'est le plus visqueux, que le chanteur enroué fait sa fête. De Hyacinthe, l'étrangleur qui inspire à Fersen l'un de ses meilleurs textes de dentellier féroce, à Maudie, foldingue (dés)incarnée par Catherine Ringer qui lui prête une voix d'outre-monde, du squelette mélancolique de Mon macabre à l'amoureux incontinent de Ma rêveuse, la galerie, encore une fois, n'est pas piquée des vers. Le Pavillon des fous étant quasiment un album-concept ? enfant, Fersen habitait une cité où certains logements étaient réservés aux détraqués, l'idée du disque y trouve ses germes ?, il possède forcément les limites de son sujet. La drôlerie naturelle de son auteur en fait d'ailleurs plus volontiers un Survol au-dessus d'un nid de coucou' qu'une plongée à pic. Fersen figure probablement parmi le tiercé de tête des paroliers contemporains. Ici, l'option instrumentale choisie par Fersen n'a jamais été aussi compacte, resserrée autour du trio basse-batterie-guitare, auquel viennent s'agréger quelques instruments satellites appuyant l'option rock ? orgue Hammond, Fender Rhodes, harmonica ?, voire rock français'. Du coup, l'empreinte d'Higelin sur l'écriture et le chant de Fersen apparaît de manière plus crue, certains titres comme Pégase ? excellent par ailleurs ? ou Le Tournis paraissant tout droit sortis de Champagne ou Tombé du ciel. A d'autres moments, lorsqu'il calme un peu le bastringue, on songe en revanche au mélange placide/acide d'un Randy Newman (Ma rêveuse), et c'est plus surprenant. Mais hormis une tentative folk(lorique) pas très heureuse (Je n'ai pas la gale), il n'y a rien sur cet album léger qui puisse entraîner des crises dœurticaire. (Inrocks)
Tous les artistes signés sur le label Tôt ou Tard ont une personnalité forte, des univers qui ne ressemblent qu’à eux, chacun avec sa patte, chacun avec sa voix, sans redite… Parmi les anciens, figure le sieur Thomas Fersen, éternel jeune homme, toujours à mi-chemin entre absurdité du quotidien et folie douce. Ce gentleman de la chanson française présente aujourd'hui son sixième album studio, suite de portraits originaux et décalés directement tirés du "Pavillon des fous", dont il fait sans doute lui-aussi partie, avec sa faune, sa flore, ses lubies et ses idées fixes. Une passion pour la différence que le chanteur cultive depuis l’enfance. Une petite foire aux monstres avec un assassin aux mains qui sentent bon le savon, Hyancinthe qui ressemble étrangement au Marguerite, ami du "Petit Vampire" de Joan Sfar…, Zaza, une chienne qui pue mais qu’est sympa, un ignanodon, autant de personnages, vivants ou morts, hauts en couleur, avec un grain quelque part dans la caboche et qui finissent tous par donner le tournis. La première moitié de l’album est plutôt ancrée dans une certaine tradition de la chanson à texte, assez dénudé, piano ou guitare et voix. Pourtant si certains arrangements viennent l’habiller de cordes ou de chorale, on est loin de l’orientation plus rock et plus sombre qui s’empare de la fin de cet album qui nous emporte de la Chapelle de la Joie jusqu’au Cosmos ! Se déjouant à nouveau de la norme, l’acrobate Thomas Fersen, comme un chat, déambule de toit en toit. Désinvolte, il se lance dans le vide, se prenant pour Pégase et retombe sur ses pattes, euphorique. Le poète est grisé par la chute et, par une pirouette et quelques cabrioles, il séduit le public qui avec lui s’envole…(indiepoprock)