Time for hope
Ce matin, j'ai pas envie de rigoler. Ce matin, j'ai une sacrée gueule de bois. Pas du genre qu'on fait passer en buvant je ne sais quelle mixture miracle, pas du genre qui attaque le foie en même...
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le 14 nov. 2015
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Je me suis rêvé papillon.
Léger et ondoyant, sorti de mon cocon, flottant dans le vent sans aucune opposition. J’ai rêvé ne faire qu’un avec Aquilon, me jouer des alizés et tourbillons, et pour m’en approcher j’ai inventé des avions. En papier, en carton, des carcasses pour se jouer de la gravité et s’envoler loin de cette terre aux airs de prison. J’ai grandi, j’ai construit ma vie sur ce projet infini, cette idée débile de se jouer d’Eole, et puis petit à petit mes avions ont rejoint les papillons, là-haut dans le grand bleu, en procession vers l’horizon.
Je me suis rêvé papa, dis donc.
D’un grand brasier à un soleil d’été, sur les flancs d’une montagne presque abandonnée, j’ai vu se croiser mes pensées et des avions en papier atterrissant entre tes mains. Par hasard ou par destin, j’ai voulu écrire ton nom avec le mien, sur un tissu, un papier, un bout de rien pourvu qu’on n’y fasse qu’un. J’ai fait un trou dans ma monomanie que tu as empli de toute ta vie, le jour, la nuit, à chaque instant depuis cette rencontre bénie en plein incendie.
Je me suis réveillé, pas papillon.
Un truc terrien, moins aérien, un batracien. J’ai levé les yeux vers mes machines qui hurlent leur soif de rien, du sang sur mes mains. Le même que la veille, la fierté en moins, comme si on m’avait arraché quelque chose de trop humain.
Et puis la maladie, l’envol choisi face au destin promis, et toi partie.
La bourrasque.
Dans ce tourbillon, j’ai rêvé d’un cimetière d’avions en plein ciel, comme un grand ruban blanc d’acier paisible. Je me suis rappelé leur beauté, leur légèreté, leur défi constant face à la gravité, celle de l'humanité, j’ai hurlé en moi leur innocence dans cette dévastation.
Cloué au sol, j’ai ravivé le souvenir de ces envolées arrachées à la pesanteur du monde, de ces bouts de rien qui remuent sous la brise. Un chapeau, un papier plié pour le rendre beau, une mèche de cheveux, ton sourire et nous deux.
J’ai repensé au gamin qui se rêvait papillon.
Le vent se lève.
Alors, tentons.
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le 17 sept. 2020
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