Leather Teeth
6.8
Leather Teeth

Album de Carpenter Brut (2018)

Synthwave pour metaleux (critique de Leather Teeth et de Trilogy)

Dans la série “tonton Alias toujours en avance sur son temps”, je découvre ces jours Carpenter Brut. Genre, trois ans après tout le monde. Du coup, pour rattraper mon retard, j’ai pris les deux albums du groupe: Trilogy (compilation des trois premiers EP) et le récent Leather Teeth.


Carpenter Brut est un projet derrière lequel se cache le musicien français Frank Huesco, qui a décidé de remettre au goût du jour la synthwave des années 1980 (John Carpenter, Vangelis, Tangerine Dream), avec un accent sur les ambiances sombres et occultes – avec des visuels que renieraient pas des groupes de black-metal, à part peut-être pour la typo.


Alors oui, j’imagine que, pour ceux d’entre vous qui ne me connaissent que pour mes chroniques de metal progressif expérimental, ça doit surprendre un peu de me voir parler de ce genre de musique.


Mais, d’une part, sans aller jusqu’à dire que c’est toute ma jeunesse, les années huitante correspondent à ma période teenager et j’étais bien fan de ce genre de musiques. D’autre part, quand je dis “remettre au goût du jour”, il faut comprendre “rythmique de concours et grosses guitares qui dépotent”. Entre autres. Ce n’est pas un hasard si Carpenter Brut était à l’affiche au Hellfest cette année et a précédemment tourné avec Ghost.


Trilogy et Leather Teeth partagent un certain nombre de points communs, à commencer par des pistes courtes – entre trois et cinq minutes, rarement plus – aux titres très évocateurs (“Wake Up the President”, “Division Ruine”, “Anarchy Road”). On pourrait presque recréer les films dont ils seraient la bande-son en s’en inspirant. Trilogy aligne dix-huit morceaux et près d’une heure et demie alors que Leather Teeth n’en compte que huit, pour un peu plus de trente minutes.


Pour le cas où ça ne serait pas immédiatement clair: j’aime beaucoup. La synthwave est en soi un genre musical qui a un côté très évocateur, très cinématique, mais Carpenter Brut – et d’autres groupes dans cette mouvance, comme The Algorithm – transcendent la performance un peu clinique du musicien en studio en y rajoutant un vrai groupe derrière. Ou, à tout le moins, une illusion crédible d’un vrai groupe.


Ainsi, en plus des synthés en pagaille propres au genre, Carpenter Brut fait la part belle à une section rythmique ultra-puissante et des guitares bien énervées. Résultat: une musique à très haut indice d’octane, entre la musique de film et la performance rock pure. Résumé: ça poutre. Plein.


Parmi la masse de morceaux grandioses et impressionnants, je signalerais, sur Trilogy “Meet Mat Stryker”, “Obituary”, “Looking for Tracy Tzu”, “Sexkiller on the Loose”, “Turbo Killer” et, sur Leather Teeth, le morceau-titre, “Inferno Galore” et “Hairspray Hurricane”.


Je dois avouer que dans le Carpenter Brut, pas tout n’est bon. S’il n’y a que peu de morceaux que je qualifierais de mauvais (= j’aime pas), je préfère nettement néanmoins les pistes instrumentales à celles chantées – qui sont heureusement rares.


Globalement, Carpenter Brut, c’est une tuerie et, du coup, je regrette de ne pas avoir vu le groupe lors de leur passage à Lausanne fin mars. Je vous recommande chaudement leur écoute, surtout si vous êtes rôliste. Ce n’est pas souvent que je classe un album dans les “inspirations rôlistes”, mais vu que les années 1980 sont aussi à la mode dans le JDR (avec notamment Tales from the Loop, inspiré des illustrations de Simon Stålenhag), vous avez là la bande-son idéale.


Cerise sur le gâteux – euh, sur le gâteau: Trilogy et Leather Teeth sont disponibles sur Bandcamp à l’écoute au au téléchargement. N’hésitez pas à y jeter une oreille.

SGallay
8
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le 10 juil. 2018

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