Les aventures de Bigflo et Oli en mode corrida

Je n'aime pas Bigflo et Oli. Variété molle,"rap" juvénile, textes de journal intimes d'ado quand ce n'est pas de l'égo trip de bac à sable : tels sont les ingrédients de leur breuvage.

Et pourtant. Pourtant, il y a bien un titre sorti en single qui m'a donner envie de revoir mon point de vue. Oui carrément, j'ose le dire : j'aime ce titre. J'y reviendrais mais c'est ce morceau qui m'a donner envie d'écouter le disque.

Les deux gonzes ont opté pour le double album. J'apprécie la proposition et l'audace (même si , à ce petit jeu là, c'est Maitre Chips qui gardera la ceinture noire avec son quadruple bouzin) mais est ce qu'il y'aura suffisamment de matière de qualité pour remplir deux disques ? Tel est la question et je suis sur que vous connaissez déjà la réponse.

Ca commence en tout cas pas trop mal. "La vie d'après" reprend là où s'était arrêté "la vraie vie". La similitude n'est pas que dans le titre et c'est évidemment voulu. C'est donc un morceau pas trop mal, assez atmosphérique et travaillé. Au niveau des lyrics par contre, rien à signaler. Un échange de banalité habituel mais limite ... OSEF des paroles! Pour moi, seul la musique compte.

On enchaine avec un "j'étais pas là" ni bon ni mauvais. Transparent. Le groupe ici renoue avec ses influences de musique espagnol. Influence qui reviendra assez régulièrement dans l'album. On appréciera où pas la punchhline d'écolier où on passe le salam à Zemmour l'olive et la bonne année à Saint Gims lol.

Arrive ensuite la pépite de l'album avec "Bons élèves". Morceau atypique et surprenant pour le duo. Mc Solaar vient apporter sa patte et ça fonctionne très bien. C'est ce titre là qui m'a donné envie d'écouter le disque. Des influences jazzy vienne se joindre au délires (encore!) "corrida" du duo. Ca slam autant que ça rap dans un morceau plutôt sinueux et bien moins prévisible que ce que le duo nous livre habituellement. J'aime le son de la contrebasse et Oli tente même à la fin une envolé à la trompette, hélas de courte durée, mais peu importe : c'est du tout bon.

On redescend sur terre avec le délire "Booba" où comme sur le titre "j'étais pas là", nos deux rappeurs en profite pour faire cette fois ci un petit clin d'œil à leur idole Booba mais le texte est sans intérêt. La matière fait donc défaut en terme de lyrics comme bien souvent et musicalement, le morceau ne repose sur grand chose, il faut être honnête, mais étrangement il y a des passages que j'apprécie. Et puis il y a de l'énergie ici.

Oui parce que à partir de "Tant pis ou tant mieux", Bigflo et Oli commence à sortir la première berceuse d'une longue série. Ce titre popisant pompe un des derniers singles d'Orelsan de la tête au pied. Sans trop de relief et surtout sans imagination vu le plagiat.

La suite embraye avec un truc mi variétoche mi RnB un peu fade : "Trust Myself". Il y a un ricain qui vient fournir un refrain et apporte un peu de couleur à ce morceau pas désagréable mais disons ... très très commun. On retrouve encore et toujours une guitare en mode corrida qui vient s'incruster à la fin du titre sans trop qu'on ne sache pourquoi.

Ca commence à ronronner sur la fin du premier CD avec un "super héros" bien convenu et bien mou. Là encore une fois, on retrouve ce que fait Orelsan quand il est en mode variétoche-rap.

Alors qu'on s'attendais tous à un titre pêchu avec Vald, on se retrouve au final avec 'Fan", du rap tisane encore une fois qui pompe encore une fois Orelsan. Vald à du envoyer comme le ricain sa contribution par la poste.

Heureusement , Julien Doré (oui oui Julien Doré je vous assure) vient apporter un coup de pouce sur un "coup de vieux " sympathique. Une vibe' un peu funky, une ambiance feutré à la "Coco Caline" et presque du Daft Punk à la fin. C'est assez efficace et très sympa .

Une respiration bienvenu car le pire est à venir avec la fin du 1er disque : "lili" , une blague de variétoche total (c'est un morceau ça ?) avec un texte du genre" lili loulou lolo "et le RnB soupe sur "une belle chanson". J'ai fait un bon de 15 ans en arrière avec ce titre là. Je ne savais pas que ça existait encore ce genre de truc. C'est furieusement plat et y'a beaucoup trop de sirop pour ètre honnête, sérieux !

Constat mitigé donc pour ce premier CD mais pas catastrophique pour autant loin de là.

On commence la seconde partie avec "Ca va beaucoup trop vite", un titre du genre pétard mais plutôt pétard mouillé. BigFlo et Oli réitère pour une énième fois leur délire de rapper vite sur un morceau linéaire et sans queue ni tête musicalement. Ca va beaucoup trop vite c'est vrai mais ça va surtout nul part musicalement. Et ça dure 4 minutes !

Retour à la varièt et des guitares corrida avec un "José et Amar" pas si mal mais un peu trop inoffensif encore une fois et qui donne une impression de déja trop entendu .

Sur "le son préféré de mes potes", on tente de concilier la facette rap et la facette variétoche mais ça ne décolle pas franchement.

La corrida reprend ses droit sur l'atmosphérique "Sacré Bordel". Et les berceuses aussi !

A force de parler corrida, il faudrait penser à appeler le maitre du genre : Cabrel et c'est ce que le duo à fait! Incroyable! Francis Cabrel est belle est bien de la partie sur "Trèfle" mais hélas, la chanson est sans grand relief.

Autant le 1er cd est varié, autant le second est plus uniforme. Car avec "la familia", on nous ressert la même chose : encore cette soupe sauce andalousienne.

Quand ce n'est pas ça, c'est de la berceuse (au choix) avec les sempiternel deux boucle de piano sur "copié coller "qui porte bien son nom. "Les gens tristes" , quand à lui, ronronne encore une fois une partition rap varièt qui calque Orelsan.

Il est clair que l'écoute du second Cd est plus difficile. Je m'endors et c'est pas l'instru vaguement électro de "Dernière" qui va venir me réveiller.

L'album se termine avec un "sans transition" qui pousse le délire électro un peu plus loin en parodient les Daft Punk. Ca change de mood et ça fait du bien ... mais après est ce que c'est réussi? On dirait quand même une bonne blague notamment avec son vocoder de pacotille et on a , pour ma part, quand même bien du mal à prendre ça réellement au sérieux .

Pour résumer, tout ceci est bien dommage car même sans aimer leur musique, sur un CD 10 titres et en gardant le meilleur , j'aurais pu mettre au moins la moyenne à ce disque.

Mais 21 titres c'est beaucoup trop et tout s'effondre dans la seconde partie de l'album.

A mon sens, le groupe n'a pas eu les moyens de ses ambitions et a opter en fin de compte pour la formule Gims : une moitié de soupe et une moitié de "rap"mou" pour les durs. Comme quoi, l'influence du Maitre est toujours d'actualité en 2022. Le titre avec Solaar n'était donc au final qu'un leurre, la formule de l'album est balisé et formaté comme à leur habitude.

Mais il n'empêche que j'ai aimé quelques titres la dedans et je suis sur que les fans du duo vont y trouver leur plaisir.