Bigflo et Oli aiment le rap. On ne peut pas les accuser d'opportunisme lorsqu'ils se revendiquent du rap à l'ancienne. Cool, ça fait un point bonus.
Les toulousains sont parvenus à mes oreilles à la suite de leur single, Sacré Bordel. Un texte politiquement engagé, avec des vrais morceaux de messages 100% dedans. Le leitmotiv: être méchant c'est pas bien.
Il faudrait que les personnalités médiatiques (artistes et sportifs) se rendent comte à un moment donné qu la politique est quelque chose de sérieux; que, pour en parler, il faut effectuer un travail, c'est à dire lire un paquet de bouquins sérieux. Qu'il faut se renseigner sur une situation donnée, les idées afférentes et l'histoire afin de produire un discours pertinent, sans quoi l'on est condamné à produire des banalités sirupeuses digne des plus grands talk no jutsu de Naruto. Tout le monde n'est pas Bill Russell ou Socrates (le brésilien). Le morceau "engagé" des franco-algéro-argentins est d'une naïveté sirupeuse qui ne peut que fait sourire l'auditeur qui a un tant soi peu de culture politique
Le problème qui frappe les toulousaings, c'est tout simplement que leur niveau littéraire est bas. Incroyablement bas. Ce qui frappe, c'est leur écriture, leurs rimes, le style. Un style que je reconnaitrai entre mille: le mien (et probablement celui de milliers d'autres adolescent) lorsque j'avais 13 ans et une place à côté d’Émilie, une demoiselle sympathique dans une salle nommée 4ème 2. Déjà, à l'époque, je savais au fond de moi que ce n'était pas très bon. Aujourd'hui il faut bien l'avouer; c'était à chier.
Le problème, c'est que les frérots ont la trentaine, et ont quitté depuis longtemps la jungle que l'on appelle le collège. S'agirait de grandir comme dirait l'autre. Ce qui est amusant, c'est qu'un gentil community manager a, sur Wikipédia, écrit que Bigflo et Oli utilisent un grand nombre de figures de style. Ah bon? Je n'en ai remarqué, lors de mes douloureuses écoutes, aucunes. Pas de métaphores, aucune allitération (sauf sur Lili, mais c'est probablement le pire truc que k'ai jamais écouté, donc on ne prendra pas ça de compte). Le vocabulaire est d'une pauvreté abyssale, les structures de phrases se bornent à "sujet verbe complément". Bref, vraiment du travail de tâcheron, ou de personne n'ayant pas encore le droit de boire de l'alcool, au choix.
Surtout, et c'est là un point regrettable, la fratrie n'a rien à dire d'intéressant. Je veux dire, l'essentiel de leurs chansons tournent autour du quotidien; enfin, de leur quotidien. En d'autres termes, B&O parlent de leurs activités journalière d'enfants de la classe moyenne, de la vie de leurs potes de classe moyenne également, ou de la vie de leur parents, de classe moyenne aussi, et le tout au premier degré, sans la moindre trace d'humour noir, de sarcasme, ou tout autre signe de créativité (ce qui sauve Orelsan quoi). Je veux dire, le rap s'est nourri de récits de gens ayant grandi dans des conditions difficiles, de gens ayant factuellement u des trucs de guedins; même si ce cliché est usé jusqu'à la corde désormais, s'ouvrir ou se reconnaitre dans des histoires extrêmes est intéressant en soi. Qui peut être passionné par le récit plat d'une vie banale au possible?
Mais, tout cela prend tout son sens lorsque l'on place Bigflo et Oli dans ce qui est leur vrai genre: la variété française, genre, par nature musicale qui est médiocre par nature, tant par la composition musicale, qui est authentiquement dénuée de créativité et d'innovation, que par les thèmes abordés (l'amour et le quotidien), et, à quelques exceptions près, l'écriture, qui reste assez loin de ce que la langue française a à offrir de mieux. Idée d'autant plus vraie lorsque l'on s'intéresse aux instrus qui sont d'une banalité désolante; aucune ne reste en tête. Sur ce point, mon opinion est peut être biaisée du fait que j'ai, avant de me repaitre de l'oeuvre du duo, dégusté un magnifique Donut préparé par le regretté chef J-Dilla.
Dernier détail: les compères se sont essayé à l'égotrip. Il va falloir leur expliquer que lorsque l'on a leur physique, leur charisme (je désolé pour eux) et surtout un refus de balancer des punchline sales l'exercice tourne vite au ridicule. Hélas, tout le monde n'est pas Kaaris ou Eminem.