A écouter seule cette bande originale, on se demande comment une telle musique peut coller sur des images de film. Surtout quand le film en question est un polar rural avec Alain Delon et Simone Signoret.
Hé bien, bizarrement, ça marche plutôt pas mal. Je n'ai pas revu le film depuis très longtemps, et doute qu'il ait bien vieilli, mais l'association donnait un résultat relativement correct, la musique offrant un décalage original mais utile à l'atmosphère pesante du long métrage.
Si l'on ne se préoccupe que de la musique, on entend le tout jeune Jean-Michel Jarre tourner autour de son très beau thème principal, qu'il décline de différentes façons dans la plupart des titres. D'autres jouent la carte de l'atmosphère, en frayant avec la musique concrète que le compositeur avait expérimentée lors de ses études au Groupe Musical de Recherche sous la direction de Pierre Schaeffer.
On est bien sûr loin, très loin, du son Jarre tel qu'on l'entendait beaucoup au cinéma alors. Celui du père, Maurice, auteur des oscarisés Lawrence d'Arabie et Docteur Jivago. Le territoire interdit, d'autant plus que les deux hommes sont éloignés depuis l'enfance de Jean-Michel par le divorce et le départ du père pour les États-Unis. Avec son bagage technique et musical d'alors, son approche personnelle, JMJ ne pouvait que produire quelque chose de totalement différent, de résolument non-classique et atypique.
Le résultat est intéressant, mais pas de ceux qu'on écoute en boucle non plus. Plus solide en tout cas que Deserted Palace, paru la même année, bien que toujours aux antipodes d'Oxygène. Comme quoi, en cinq ans, il peut se passer beaucoup de choses...