J'ai un rapport assez personnel avec ce disque.
Ce fut mon premier William Sheller et dans une période de ma vie où je n'étais pas forcément au mieux. Autant dire qu'il est arrivé d'un coup sans crier gare, comme un ami très cher.
Après le semi-ratage (ou semi-réussite, ça dépend si l'on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide) que fut Albion, son unique disque studio des 90's, il fallait se ressaisir. Ce que l'ami William fit en prenant son temps. A partir de Albion et Les machines, les livraisons studio vont se faire d'ailleurs de plus en plus réfléchies et espacées dans le temps...
Comme je le disais en ouverture, Les machines absurdes est le disque par lequel j'ai découvert l'univers de Sheller avant de partir explorer tranquillement par la suite son univers (1), je ne pouvais rêver mieux tant il est splendide de bout en bout.
Je m'en rappelle comme si c'était hier, j'étais au lycée et je devais prendre le train de banlieue direction Paris chaque matin puis ensuite à ma guise soit marcher dans une ville de Paris se réveillant péniblement, soit prendre le métro (mais pour une poignée de stations avant d'atteindre le lycée, fallait-il que je sois dans un jour vraiment flemmard !). A l'arrivée dans la gare de Montparnasse, au rez de chaussée trônait l'immanquable petit Virgin megastore de la gare (2) prêt à accueillir les lèves-tôt de tous poils (et à 8h il n'y en a toujours pas des masses de magasins ouverts dans Paris) et ses petits bacs avec des disques frais à écouter au casque sur les présentoirs, côté gauche.
La pochette m'attire, un mec basique qui manque de cheveux (moi dans le futur quoi, le talent musical en moins) sous une lumière bleue avec des visuels qui figurent une sorte de cycle lunaire abstrait. Allez je tente.
Dès la première piste, « Parade (le bel adieu) », je me suis pris une bonne baffe.
Coup de foudre.
Le mec est bon, il chante bien, il ne gueule pas, les arrangements sont magnifiques. Le reste du disque ne sera pas forcément du même niveau mais une chose est sûre, ce type sent l'élégance à mille lieues. « Indies » et ses guitares rock corrige agréablement le tir d'Albion. « Moondawn », c'est mon second coup de foudre du disque. Une chanson lunatique, une chanson de Bretagne, de rêves brumeux, de magie. « Sunfool » marche sur les pas d'Indies avec classe. « Athis » et « Les machines absurdes » voient Sheller mêler son art à la musique électronique par petites touches tandis que « Misses Wan » est un saut vers l'Asie. « Chamberwood » qui clôt un disque presque parfait retrouve la grâce de la première piste, dans une dimension plus champêtre et baroque qui rappelle un peu l'album Ailleurs, en plus pop.
Bref, Sheller venait d'entrer brillamment dans le nouveau siècle avec un son remis à jour et utilisant avec parcimonie et maîtrise les nouvelles technologies. Un disque qu'il est beau et qu'il fait du bien.
Et dans mon cas le début d'une passion pour l'artiste qui continue encore aujourd'hui.
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(1) Sans mauvais jeu de mot quand on sait qu'un des disques de Sheller porte ce titre et que je l'ai d'ailleurs brièvement chroniqué plus tôt.
(2) Je suis sûr que certains d'entre vous l'ont déjà connu.