Se fatiguerait-on des Têtes Raides, après tant d'années d'excellence ? En tout cas, Christian Olivier était sans doute fatigué, lui, de la (superbe) formule "anarchie + accordéon" - qui nous a encore donné, il y a un an, le puissant "Corps de Mots". Pour "les Terriens", c'est décidé, ce sera plus direct, plus pop, plus "consumer friendly", avec des guitares électriques en avant, et même du rockabilly gras du bide. Et forcément, même si les Têtes Raides d'hier commençaient à tourner en rond, on ouvre de grands yeux et on fait un peu la gueule devant ce nouveau genre qui ne craint plus l'évidence, pour ne pas dire la banalité. Et, forcément, là où on accroche le plus, c'est quand l'accordéon repointe son nez, quand les vieilles habitudes du "surréalisme poétique" d'hier ressurgissent au détour d'une valse lente qui nous emballe à nouveau, comme au tout premier jour. On se rend compte au fil des écoutes qu'on les aime encore, ces Têtes Raides qui nous baladent encore là où elles veulent, que ce soit sur le fil du rasoir ou au milieu de la route.